Pansement mortel après une intervention réussie

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Pansement mortel après une intervention réussie

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Un chien mâle Bouvier Bernois âgé de six ans et demi est vu en consultation pour un othématome apparu subitement. Ce chien vient d’être opéré (le mois précédent) d’une rupture d’un ligament croisé antérieur. L’opération s’était bien passée, les suites sont bonnes.

  • Vétérinaire
Auteur : Dr Vre Michel BAUSSIER / MAJ : 17/09/2018

Cas clinique

  • Une décision d’acte chirurgical est prise, l’intervention sous anesthésie générale a lieu le lendemain de la consultation.
  • L’animal est suivi régulièrement au sein d’une même clinique vétérinaire. Les relations sont confiantes entre les maîtres du chien et les vétérinaires habituels.
  • L’intervention est classique : incision de l’hématome en S, vidange et applications de points simples transfixiants sur une compresse spécialement adaptée à la cure chirurgicale des othématomes.
  • Habituellement, les vétérinaires de cette clinique ne réalisent aucun pansement compressif mais mettent en place une collerette ; telle est leur technique habituelle.
  • Cette fois exceptionnellement ils accèdent à la demande expresse du propriétaire de ne pas mettre en place de collerette (le chien en avait eu une lors de l’opération précédente, cette situation avait été mal vécue par le chien et sans doute plus encore par les maîtres) et d’y substituer un pansement compressif autour de la tête.
  • L’application d’un tel pansement compressif est du reste le complément classique de l’acte chirurgical dans la technique habituelle de traitement de l’othématome, telle que décrite dans la littérature.
  • Au réveil, à la clinique, le pansement glisse. Il est refait.
  • A plusieurs reprises le pansement est vérifié.
  • Puis une entaille dans le pansement est faite pour permettre au chien de mieux respirer.
  • Le chien quitte la clinique le soir même.
  • Le propriétaire appelle la clinique deux heures plus tard pour signaler que le chien respire mal. Il s’inquiète que le pansement est trop serré et on lui répond qu’on a vérifié et qu’à la sortie de son chien, le pansement n’était pas trop serré. Il lui aurait été rappelé à cette occasion que s’il était trop inquiet, il pouvait ramener son chien à la clinique, qu’un service de garde 24h/24 était assuré…
  • Dans la nuit, le propriétaire est réveillé par les aboiements (gémissements ?) du chien, il le fait sortir pour le laisser uriner.
  • Le lendemain matin à son réveil, le propriétaire trouve son chien mort. Il prévient le praticien. Il redit la difficulté du chien à respirer durant la nuit ; il précise que sa tête a beaucoup « gonflé ».
  • Le vétérinaire indiquera que, lorsque le chien a quitté la clinique, le soir-même de l’intervention, il respirait « quasi-normalement ». Il précisera plus tard qu’il « respirait aussi bien que ce genre de pansement permet de le faire ». En tout cas le chien ne présentait aucun signe de détresse respiratoire avérée et aucun signe de cornage.
  • Aucune autopsie n’est réalisée.
  • Le propriétaire de l’animal met en cause la responsabilité civile du vétérinaire.

Analyse des barrières

  1. Lisez en détail le cas clinique.
  2. Oubliez quelques instants cette observation et rapportez-vous au tableau des barrières, identifiez les barrières de Qualité et sécurité que vous croyez importantes pour gérer, au plus prudent, ce type de situation clinique. Le nombre de barrières n’est pas limité.
  3. Interrogez le cas clinique avec les barrières que vous avez identifiées en 2 ; ont-elles tenu ?
  4. Analysez les causes profondes avec la méthode ALARM

Proposition d'actions

  • Toujours faire preuve de prudence extrême en cas de modification des protocoles bien éprouvés dans le cadre de son expérience propre. La meilleure technique reste le plus souvent celle dont on a l’habitude.
  • Savoir ne pas endosser la responsabilité de techniques imposées par le propriétaire.
  • Les techniques de pansement doivent être maîtrisées. Il ne suffit pas de bien opérer, il faut bien panser ! La confection d’un pansement n’est pas un exercice subalterne. Le vétérinaire ne doit pas hésiter à améliorer ou compléter sa formation dans ce domaine.
  • Il existe de la même manière de nombreuses et fréquentes formations aux techniques de pansement destinées aux auxiliaires vétérinaires (ASV). Il convient de veiller à ce que ces formations soient suivies par les équipes au sein de la clinique vétérinaire.
  • La formation des ASV à l’écoute des maîtres et leur formation au repérage des mots-clés identifiant les signes de gravité (procédures) sont essentielles.
  • La période de fermeture de la clinique en fin de journée est une période naturellement critique par relâchement de l’attention et surtout de la motivation… Le manager de la clinique doit l’avoir présent à l’esprit pour corriger en permanence cette faiblesse.
  • En cas de changement d’équipe, des transmissions écrites sont indispensables, en particulier quand des éléments de surveillance sont nécessaires.
  • Le contrôle du vétérinaire sur l’activité des ASV, et aussi sur le discours au client, reste essentiel.
  • Les consignes écrites laissées au maître du chien sont aujourd’hui incontournables.

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