Néphrectomie pour urétéro-hydronéphrose

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Néphrectomie pour urétéro-hydronéphrose - Cas clinique

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Néphrectomie pour urétéro-hydronéphrose attribuée au retard de prise en charge d'une sténose urétérale apparue après intervention de Burch pour incontinence urinaire avec cystocèle.

  • Chirurgien
Auteur : La Prévention Médicale / MAJ : 17/06/2020

Cas clinique

  • Femme née en 1943, d’origine étrangère, parlant et comprenant mal le français.
  • Hystérectomie à 36 ans (indication ?).
  • Adressée par son médecin traitant le 19 avril à un chirurgien urologue pour des douleurs lombaires droites avec, en urographie, une image kystique du pôle supérieur du rein droit contenant une calcification (diverticule avec lithiase?) qui était retrouvée immuable sur tous les examens ultérieurement pratiqués. Dans sa réponse au médecin traitant, l’urologue conseille de temporiser en ce qui concerne l’anomalie du rein droit mais mentionne « une légère cystocèle entraînant des fuites urinaires d’effort ».
  • La patiente régulièrement suivie par l’urologue.
  • En mars deux ans plus tard, ce dernier note la persistance des lombalgies droites, l’aggravation des fuites urinaires à l’effort et l’apparition de cystalgies. A l’examen, il retrouve une cystocèle de grade 2. En urographie, la sécrétion rénale apparaît bilatérale et symétrique. Il existe une cystoptose franche, aggravée en poussée, peu diminuée en retenue. Le compte rendu du radiologue mentionne également une lombarthrose. Dans son courrier au médecin traitant, l’urologue écrit : « (…) il faudra à plus ou moins long terme se résoudre à repositionner le bas appareil urinaire en fermant l’angle cervico-urétral (…) ». Mais il n’est pas proposé d’intervention à la patiente.
  • En mars de l’année suivante, nouvelle consultation avec l’urologue pour des douleurs pelviennes diffuses et lombaires mal systématisées. En raison d’une hématurie récente, demande d’un examen scanographique abdomino-pelvien qui ne révéle pas d’anomalie en dehors de celle, déjà connue, du rein droit. L’urologue décide de prendre l’avis d’un gastro-entérologue qui lui répond : « (…) Il s’agit d’une dame très tendue qui vient de subir des agressions familiales nombreuses et très lourdes. Elle a une tendance hypochondriaque évidente (…) »
  • Peu à peu, cependant, dans ce contexte polyalgique, l’urologue retient l’aggravation progressive de la cystocèle, responsable, à son avis, des douleurs pelviennes et des cystalgies.
  • Le 11avril de l’année d’après soit 4 ans après la première consultation à l’urologue, la décision d’intervenir est prise. - L’intervention a lieu le 29 avril. Compte tenu de l’antécédent d’hystérectomie, la cure du prolapsus est réalisée par voie haute avec mise en place d’une prothèse de Mersilène entre la face inférieure de la vessie et le vagin, amarrée en arrière au ligament commun vertébral antérieur au niveau L5-S1. Après cette promontofixation, la correction de l’incontinence urinaire est assurée selon la technique de Burch et le dernier temps opératoire consiste, par voie périnéale, en une réparation du périnée postérieur visant à corriger la rectocèle. - Les suites opératoires sont décrites comme « douloureuses » avec prescription de nombreux calmants. Elles sont prises en charge par l’associé de l’urologue. A J4 , ce dernier pratique une échographie (indication ?), considérée comme « normale » (dossier infirmier). L’examen des urines ne montre ni hématurie, ni infection.
  • Sortie le 13 mai, lettre adressée par l’urologue au médecin traitant ne faisant état d’aucune complication ou incident post-opératoire.
  • La patiente séjourne trois semaines en maison de convalescence Elle s’y plaint de « gonflement de l’abdomen, constipation, brûlures dans tout son corps» . - Le 28 mai, un bilan biologique met en évidence un taux d’hémoglobine à 11, 4 g/ 100 ml, une VS à 22mm (à 1h), une créatinémie à 16 mg/l. L’examen des urines est normal. - La lettre de sortie ne mentionne aucun évènement notable mais « une colite spasmodique importante dans un contexte psychologique cénestopathique relativement important ».
  • Le 27 juillet, l’associé de l’urologue revoie la patiente en consultation. Son courrier mentionne des algies multiples, notamment des céphalées et des douleurs abdominales «inexplicables». Il prescrit une radiographie sans préparation de l’abdomen, sans particularité et  demande un avis complémentaire à un neurologue qui conseilleun traitement par Laroxyl® (non poursuivi).
  • Spontanément, la patiente reconsulte le 7août le gastro-entérologue pour des douleurs « toujours assez variables » selon ce dernier. Il réalisee une échographie qui ne décelepas d’anomalies digestives mais une dilatation des cavités pyélocalicielles gauches. Le gastro-entérologue remet le compte-rendu de l’échographie à la patiente et adresse un courrier au médecin traitant pour lui signaler cette nouvelle anomalie.
  • Cette lettre est reçue, en l’absence du médecin traitant (en vacances), par son remplaçant qui note la découverte d’une dilatation des cavités pyélocalicielles gauches dans le dossier de la malade, le 10 août, date où il avait vu cette dernière en consultation.
  • Le 3 décembre, l’urologue revoie la patiente en consultation. Il écrit à son médecin traitant que son état clinique était assez satisfaisant mais pratique une urétro-cystoscopie pour rechercher une éventuelle anomalie pouvant expliquer les douleurs pelviennes. Cet examen est considéré comme normal mais le compte rendu ne fait pas mention de l’aspect des orifices urétéraux et notamment du gauche. A noter que la patiente ne remet pas à l’urologue le compte rendu de l’échographie du 7août, ni ne l’en informe.
  • Le 22 février, la patiente est revue par l’associé de l’urologue qui réalise une échographie révélant une dilatation marquée des cavités pyélo-calicielles gauches. La patiente informealors ce praticien qu’on lui avait déjà signalé cette  anomalie en août un avant avant.
  • Le 15 mars, une urographie IV montreun petit rein gauche avec une néphrographie peu intense et l’absence d’opacification des cavités gauches, même sur les clichés tardifs. Une urétéro-pyélographie rétrograde gauche ne peut être réalisée car l’orifice urétéral gauche ne peut être vu en cystoscopie.
  • Le 8 avril,un examen scanographique abdominal confirme l’existence d’une importante urétéro-hydronéphrose avec un petit rein gauche prenant faiblement le contraste. L’uretère apparait dilaté jusqu’au niveau de l’abouchement vésical, sans obstacle visible. La scintigraphie rénale objective une sécrétion de 93% à droite et de 7% à gauche. Le 24 avril, l’urologue informe le médecin traitant de sa décision de réintervenir pour pratiquer une urétérolyse du bas uretère gauche.
  • La réintervention a lieu le 28 avril : «  (…) Zone de sclérose intense paravésicale engainant l’uretère, peut-être induite par la pièce de Mersilène qui avait été interposé en inter-vésico-vaginale, bien que l’on ne retrouve pas de Mersilène directement au contact de l’uretère. Les points de Burch sont à distance de l’uretère (…)». L’urologue réalise une section de l’uretère en zone saine suivie du rétablissement de la continuité par réimplantation urétéro-vésicale. Les suites opératoires sont simples. Une pyélographie pratiquée par la sonde urétérale extériorisée montre seulement un aspect « un peu hypotonique des cavités gauches ». La durée d’hospitalisation est de deux semaines.
  • A sa sortie, la patiente décide de consulter un autre urologue. Le 6 juillet, ce dernier constate la persistance de douleurs abdominales avec une urographie identique à celle précédant la réintervention. Après plusieurs consultations sans modification de l’état de la patiente et en l’absence d’amélioration des chiffres de la scintigraphie rénale (8 % à gauche et 92 % à droite le 15 mai 2002) , il propose de réaliser l’ablation de ce rein gauche, sans utilité, qui, en outre, représente une menace d’infection (leucocyturie à 140 000 / mm3). L’intervention a lieu le 8 janvier 2003, sous coelioscopie.
  • Les suites sont simples de même que l’évolution ultérieure avec persistance de « brûlures dans le ventre qui remontent dans tout le corps » et quelques fuites d’urine, intermittentes, lors d’effort de toux ou de port d’un poids. En novembre 2004, la créatinémie était à 12 mg/l et la clearance de la créatinine à 50 ml/min.

Assignation  des deux chirurgiens urologues et de la clinique  par la patiente  en réparation de son préjudice.

Analyse et jugement

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