Dans le cas clinique suivant, un chien est admis pour opération d’occlusion intestinale et meurt d’une gastro-entérite nosocomiale. Un cas pour se souvenir...
Un chien lévrier Irish Wolfhound de trois ans, vacciné contre la parvovirose canine, présentant abattement et vomissements, est examiné un samedi matin à son domicile (très isolé dans la campagne) par le praticien. Une occlusion intestinale est suspectée mais les propriétaires n’ont pas la possibilité de conduire ou de faire conduire le chien à la clinique vétérinaire avant le lundi après-midi.
L’animal est examiné à nouveau le lundi après-midi, soit plus de 48h après le diagnostic de suspicion d’occlusion intestinale, cette fois à la clinique vétérinaire.
L’état général s’est dégradé, les vomissements persistent malgré les antiémétiques administrés.
Après radiographie abdominale, le diagnostic d’occlusion intestinale est confirmé.
Le chien est hospitalisé, une réanimation médicale est mise en place et l’intervention chirurgicale n’est réalisée que le mardi matin (entérectomie).
Les suites immédiates sont normales, notamment le réveil est rapide et les premiers signes de récupération font annoncer un pronostic favorable.
Toutefois le mercredi soir les vomissements réapparaissent, ainsi qu’une diarrhée profuse, hémorragique et nauséabonde.
A l’époque (années 80), les tests de diagnostic rapide de l’infection parvovirale n’étaient pas disponibles.
Le chien meurt deux jours plus tard à la clinique. Le contexte épidémiologique est en faveur d’une infection à parvovirus contractée concomitamment.
L’événement indésirable grave (EIG) est ici constitué par l’issue fatale d’une maladie infectieuse contagieuse possiblement contractée à partir de l’établissement de soins alors que l’opération avait été réalisée avec succès.
En effet, à l’époque, de très nombreux cas de parvovirose canine étaient identifiés dans la région. Les vétérinaires de l’équipe avaient en permanence des contacts avec de nombreux chiens malades ou convalescents. La salle d’attente de la clinique mais aussi les salles de consultation et le local d’hospitalisation accueillaient des animaux en incubation ou bien malades ou bien convalescents de cette maladie. Par ailleurs les propriétaires étaient eux-mêmes venus consulter quelques jours plus tôt à la clinique avec un autre chien vivant avec celui objet de ce cas clinique. Les mesures de biosécurité, pourtant mises en œuvre au sein de l’établissement de soins vétérinaires, étaient en réalité très insuffisantes. Notamment l’un des chiens hospitalisés en même temps et dans la même salle que le chien considéré s’est avéré présenter rapidement une gastro-entérite hémorragique finalement diagnostiquée comme d’origine parvovirale. Il a été retiré du local d’hospitalisation affecté à la chirurgie mais il n’aurait jamais dû être mis en contact rapproché des animaux opérés.
Références :
BOURDOISEAU (G). La biosécurité dans un centre hospitalier universitaire vétérinaire (CHUV). Bull Av Vét France, 2017, tome 170, n°2
KECK (N) et Bernard (F). Prévention des infections nosocomiales chez les animaux de compagnie par la biosécurité dans les établissements de soins vétérinaires. Bull A Vét France, 2017, tome 170, n° 2
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