Mort d’une jument à la suite d’une vaccination

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Mort d’une jument à la suite d’une vaccination : un cas exceptionnel

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En présence de sa propriétaire, le vendredi 17 avril 2015 en soirée, après examen clinique, le vétérinaire vaccine une jument en effectuant une injection intramusculaire de rappel contre le tétanos et la grippe, dans l’encolure à gauche ; une injection intramusculaire de rappel contre la rhinopneumonie à droite.

  • Vétérinaire
Auteur : Dr Vre Michel BAUSSIER / MAJ : 17/10/2017

Cas clinique

L’examen et les injections sont pratiqués à l’extérieur du box ; l’encolure est propre ; des seringues et aiguilles stériles à usage unique sont utilisées.

Le vétérinaire et la propriétaire du cheval ne sont pas d’accord a posteriori sur la réalisation ou non d’une aseptisation de la peau à l’aide de compresses alcoolisées.

Dès le lendemain matin, samedi 18 avril à 8h, un gonflement sur le plat de l’encolure est constaté du côté droit. Le vétérinaire est immédiatement prévenu, il évoque une réaction inflammatoire post-vaccinale et prescrit sans se déplacer des soins locaux externes et une pâte orale anti-inflammatoire.

Dans l’après-midi, l’œdème augmente, le vétérinaire est à nouveau alerté et se déplace vers 18h30, soit moins de 24h après la vaccination. Un antalgique est administré par voie intraveineuse. Le vétérinaire se montre rassurant, les soins prescrits le matin sont simplement maintenus.

Le dimanche 19 avril, l’œdème s’étend (encolure, poitrail, antérieur droit) ; la station debout devient difficile pour la jument. Le vétérinaire prévenu prescrit à distance le renouvellement de la pâte anti-inflammatoire orale et annonce qu’il repassera le lundi matin.

Le lundi 20 avril, le vétérinaire constate que la réaction est vraiment anormale par son ampleur. Une antibiothérapie est mise en place (cefquinome). Le vétérinaire prend contact avec des vétérinaires spécialisés : l’hypothèse d’une infection musculaire à clostridium perfringens est émise. L’antibiothérapie est immédiatement renforcée par un médicament à base de métronidazole.

Le mardi 21 avril, l’état de la jument se dégrade encore. Le vétérinaire émet un pronostic réservé. L’idée d’une hospitalisation de l’animal dans une clinique spécialisée est avancée, la décision est immédiatement prise et la jument est aussitôt transportée à la clinique équine.

A la clinique, des prélèvements sont effectués pour examen bactériologique. Ils confirment une infection musculaire à Clostridium perfringens. Des soins intensifs sont réalisés. Une antibiothérapie associant pénicilline et métronidazole est mise en place. L’œdème continuera à s’amplifier pendant trois jours, allant de l’encolure à la mamelle. Des incisions de drainage sont réalisées. Des anti-inflammatoires sont administrés.

A la clinique, l’évolution a paru favorable jusqu’au 15 juin. Le tableau clinique s’est ensuite dégradé (choc endotoxémique, abcédation pulmonaire, complications diverses).

Une aggravation subite avec insuffisance rénale aiguë est constatée le 2 juillet, qui a nécessité l’euthanasie de la jument.

Le vétérinaire traitant du propriétaire de la jument, qui a vacciné la jument, a été mis en cause en responsabilité civile professionnelle, pour défaut d’asepsie et aussi, accessoirement, pour défaut de diligence (« manque de réactivité ») dans la prise en charge des complications de la vaccination.

Dans le cadre du traitement amiable de ce litige, le second chef de griefs a été abandonné et, s’agissant du premier, la faute concernant le mode de réalisation de l’asepsie, il n’a pas été reconnu par les experts. Le mode de réalisation de l’aseptisation de peau n’a pas été reconnu en tout cas comme de façon certaine à l’origine de la complication septique (germe anaérobie). La propriétaire a toutefois été indemnisée, eu égard au risque judiciaire de voir retenu le manquement à une obligation de moyens renforcée (sinon une obligation de résultat) pour la complication septique d’un acte « banal » que constitue une injection vaccinale ; et surtout pour le manquement à une obligation d’information sur les risques graves, y compris exceptionnels…

Analyse des barrières

  1. Lisez en détail le cas clinique.
  2. Oubliez quelques instants cette observation et rapportez-vous au tableau des barrières, identifiez les barrières de Qualité et sécurité que vous croyez importantes pour gérer, au plus prudent, ce type de situation clinique. Le nombre de barrières n’est pas limité.
  3. Interrogez le cas clinique avec les barrières que vous avez identifiées en 2 ; ont-elles tenu ?
  4. Analysez les causes profondes avec la méthode ALARM

Conclusion : ce cas apparaît comme une expression assez pure de « l’aléa thérapeutique ». Prévention, récupération et atténuation sont relativement illusoires. Il est présenté pour rappeler que si la démarche qualité-sécurité devient aujourd’hui incontournable, en revanche tous les événements indésirables graves, notamment certains événements exceptionnels, ne peuvent être prévenus en pratique courante.

Dans le cas de figure, si la prévention de l’EIG était difficile, en revanche la prévention de ses conséquences juridiques était sans doute améliorable (information du client, caractère démonstratif des précautions aseptiques, transparence accrue).

Proposition d'actions

Même si, dans le cas d’espèce, l’hygiène du box et l’hygiène cutanée du cheval ne paraissaient pas en cause, de façon générale la propreté des locaux et celle des animaux restent des facteurs de prévention incontestables de tels risques.

Sans effrayer les propriétaires afin de ne pas les dissuader de vacciner leurs chevaux contre les maladies habituelles, il convient, de façon générale, de les informer des risques de toute vaccination, y compris des risques dus à la seule injection intramusculaire telle qu’elle est réalisée selon les pratiques usuelles.

Toutefois, rappeler avec force que le risque vaccinal est considérablement inférieur au risque engendré par l’absence de vaccination contre les maladies visées. Et si la comparaison porte sur le risque de mortalité entre animal vacciné et animal non vacciné, l’avantage de la vaccination est d’une évidence considérable sinon colossale.

Réaliser consciencieusement et méthodiquement, autant que faire se peut, chez le cheval la préparation antiseptique classique du site d’injection, au besoin de façon démonstrative.

Le caractère rapidement progressif de la cellulite et de l’œdème après injection intramusculaire chez le cheval est un signe d’alerte d’une éventuelle infection à Clostridium, nécessitant une réponse antibiotique appropriée et immédiate.

Bibliographie : Puschmann T, Ohnesorge B. Complications after intramuscular injections in equids. Journal of Equine Veterinary Science 35 (2015) 465-474.

4 Commentaires
  • Christine M 12/04/2021

    Dégueulasse les vétos sont souvent pourris, le mien à tué mon cheval adoré avec du candilat un vasodilatateur devant moi alors que j'avais demandé des vitamines car vieux pépère ne mangeait plus vraiment son aliment.resultat je suis sous antidépresseurs et je revois la scène encore et encore.mon cheval à eu deux injections le même jour et une autre fatale le mercredi 24 mars. Je n'oublierai jamais cette souffrance il a tourné crié étouffé c'est couché par terre sur la paille de son box,a étiré ses jambes tremblé j'ai vu son cœur battre très fort dans sa poitrine.ses naseaux se dilater,sa bouche s'est ouverte ses yeux se sont figés, j'ai crié vous avez tué mon cheval chéri devant le véto.j ai écrit à l'ordre des vétérinaires qui répond pas de problème déontologique ! j'ai perdu un ami un fils un amour de cheval, je n'existe plus je suis perdue sans lui et ça le véto n'en a rien à faire il continue à injecter son médicament qu'il adore ! attention à ce produit le candilat intraveineuse peut tué votre cheval.moi j'en ai fait les frais

  • April B 15/03/2019

    Bonjour,

    Mon cheval a eu plusieurs piqûres pour le sauver de coliques par plusieurs veterinaires. Il a fait un oedème qui s'est transformé en abcès où s'est mis une gangrène gazeuse. Après 4 mois de soins intensifs il se remet doucement. J ai fais intervenir les vetos qui l'ont hospitalisé pour un rappel ya deux jours. Injection faite au poitrail. Hier soir, soit 24 après il y a un énorme oedème, et d'un coup je me rends compte que je n'ai pas vu la veto désinfecter.
    Au vu de ce que je viens de lire, ai je raison de songer à une répétition de faute professionnelle ? Il y a déjà plus de 4000 euros d'investis, sans compter la douleur, le temps des soins quotidiens des trous beants laissés par les abcès. Ai je un recours s'il y a faute ? Quelle est la procédure je suis perdue ?

  • Jean-François G 25/04/2018

    parfaitement d'accord avec DEBORAH C : prescrire des AINS dans ce contexte est totalement imbécile! ces médicaments sont une vraie saloperie!

  • Deborah C 27/12/2017

    Juste un petit commentaire car je suis surprise de voir que cette jument a été traitée depuis le début de sa prise en charge par des ains et que même après l'hospitalisation pour cellulite les ains ont continué à être donner je pense que ça a vraiment pu être un élément important dans l'évolution clinique de cette jument. je trouve qu'il faut vraiment tirer la sonnette d'alarme contre les ains qui peuvent masquer voir faire flamber les infections. Combien de cellulite et de phlegmon à cause des ains. Il faut reprendre les recommandations de bonne pratique publiées par l'ansm.

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