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Pertinence, médecine défensive, surdiagnostic, surmédicalisation

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2006 - Médecine défensive

21/08/2015

Barbot J., Fillion E. La « médecine défensive » : critique d'un concept à succès , Sciences sociales et santé, 24-2, 2006 : 5-33

Résumé

La montée des débats sur la judiciarisation des soins conduit beaucoup aux USA à prévenir que le risque de médecine défensive risque d’être à l’avenir une conséquence négative bien plus importante pour les patients que le bénéfice tiré à une accusation trop fréquente des médecins et des professionnels de santé pour faute. L’article conduit une réflexion sur l’état en France de ce concept importé des USA avec l’exemple de l’anesthésie-réanimation et celui de l’hémophilie.
La médecine défensive correspond à une altération profonde du rapport de confiance jusqu’alors considéré comme un fondement absolu du colloque singulier médecin/malade. L’information dépendrait de contraintes externes s’imposant au médecin avec d’autant plus de force qu’elles revêtent le statut de « preuve » devant les tribunaux.
L’ampleur du phénomène est mesuré dans la plupart des travaux par des enquêtes ‘ à charge’, avec la recherche exclusive d’éléments négatifs (biais de recherche donnant un sans univoque des réponses fournies sans les remettre en contexte). On peut aussi s’interroger sur le fait que le problème soit associé à des peurs irrationnelles des médecins plus qu’à un comportement réel des patients.
L’approche proposée consiste à des entretiens beaucoup moins centrés sur le problème, et plus ouverts sur les pratiques, sur l’expérience et le role de la justice, sur la perspective ou l’expérience des procès dans l’ensemble des transformations qui affectent l’exercice
Deux terrains : la clinique de l’hémophilie (34 médecins interviewés petit domaine mais contexte sang contaminé) et l’anesthésie réanimation (30 médecins interviewés via la SFAR, grand domaine).
Les rapports à la justice sont reconnus servir les progrès médicaux (Salles de réveil, affaire Farcat, sang contaminé) ; les MAR identifient  aussi les déviants (que le système ne sait pas gérer, et que finalement la justice est seule à pouvoir arrêter) et les malchanceux (le mauvais jour, pour lesquels la justice jour un rôle très négatif en désignant un bouc émissaire).
Bref l’étude montre un rapport d’utilité de la justice compris par les médecins qui élargit considérablement l’idée étroite de médecine défensive.

Mon avis

Reformuler et décentrer les questions est un art utile et une spécialité française, mais il peut aussi noyer le poisson, ce que fait assez bien cet article sur la médecine défensive.