En salle de naissance, pas de gestion des risques sans travail d’équipe

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En salle de naissance, pas de gestion des risques sans travail d’équipe

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La prise en charge de la mère et de son enfant est un travail d’équipe où chaque professionnel a son rôle à jouer et d’un bout à l’autre du parcours de soin, aucun de ces rôles ne doit être sous-estimé.

  • Sage-femme
Auteur : Isabelle LE CREFF / MAJ : 17/06/2020

Tout professionnel de santé a la volonté d’améliorer la qualité des prises en charge, avec un risque minimisé pour le patient.

Les démarches « qualité » et la gestion des risques sont devenues pratiquement des spécialités à part entière dans tous les établissements de santé, pourtant l’insécurité et la non-qualité des soins persistent.

Pourquoi ?

Plusieurs raisons à cela : des cas médicaux de plus en plus complexes, des techniques de plus en plus sophistiquées, des intervenants de formation différente de plus en plus nombreux, et de plus en plus compétents dans des domaines très spécifiques.

En effet, chaque spécialité applique ses procédures, mais qu’en est-il du travail en équipe qui doit, dans les situations critiques, être porté au plus au niveau d’exigence ?

Traditionnellement, la formation de ces différents spécialistes, basée sur l’apprentissage clinique, se fait de manière indépendante. Et c’est ce manque de travail en équipe et de perception des situations dans leur globalité qui aboutissent à des dysfonctionnements tels que : défaut de communication, confusion des rôles et des responsabilités, défaut de surveillance réciproque, manque d’établissement de priorité des tâches, manque de coordination dans leur réalisation et manque de soutien organisationnel.

On retrouve ces dysfonctionnements dans l’univers complexe de la salle de travail où les patientes ne sont pas prises en charge par un individu, mais par une équipe interprofessionnelle (médecins, sages-femmes, infirmières) et multidisciplinaire (anesthésie, obstétrique, pédiatrie).
A cette complexité organisationnelle où la charge de travail, le flux des patientes et le stress sont souvent élevés, vient s’ajouter l’imprévisibilité de la survenue de complications et de situations critiques.

Ce lieu propice au retard de prise en charge, aux erreurs de jugements et de prise de décision doit faire l’objet de toute l’attention du personnel dans la maîtrise des procédures, mais surtout dans le travail collectif; or les différents intervenants ne partagent pas les mêmes priorités, les mêmes visions, ni la même organisation des tâches.

S’il est clairement établi que la mise en place de procédures est indispensable à la réduction des risques, faut-il encore que celles-ci soient applicables, appliquées et contrôlées; et ce n’est pas la multiplicité des protocoles et l’excès de formalisation des procédures, dangereux lorsque les professionnels les appliquent mal ou de façon automatique qui peuvent faciliter cette démarche.

On peut comparer la salle de naissance à un orchestre dans lequel chaque musicien jouerait sa partition en solo, sans se soucier de son voisin. Si en musique, une absence de direction conduit à la cacophonie, en périnatalité elle peut mener à la catastrophe.

De la même façon qu’il est nécessaire en musique d’avoir un chef d’orchestre, il est essentiel en salle de naissance d’avoir un « superviseur », le plus souvent un cadre de santé, dont la mission est :

- de coordonner les différentes étapes de la prise en charge des patientes, le rôle de chacun ayant été clairement défini,
- de favoriser le respect, et la compréhension des différents intervenants entre eux, de repérer les dérives,
- mais aussi d’anticiper les situations à risque, et d’optimiser les conditions de sécurité pour la femme et son enfant.

Une tâche lourde et difficile, facilitée quand même par la mise en place de certains outils de contrôle tels que : l’analyse des risques, le retour d’expérience, la collecte systématique des données permettant de déclencher les alertes.

Mais malgré tous ces outils, on constate toujours certaines dérives : les procédures ne sont appliquées que partiellement voire pas du tout, les préconisations ou les mesures correctives proposées ne sont pas respectées, à moyen ou long terme, et que seuls les évènements graves qui produisent un préjudice au patient sont traités avec une attention particulière.

Pourquoi ces problèmes persistent-ils ?

- un absentéisme important nécessitant le recours à du personnel intérimaire non investi dans la vie du service
- un manque de moyens pour garantir les objectifs
- un manque d’information
- un manque de communication
- un manque de coordination des actions et de suivi des mesures correctives

Comment améliorer la situation ?

- mobiliser les personnels
- construire une culture de sécurité commune
- dispenser la formation nécessaire
- simplifier les pratiques
- élaborer des consignes de répartition du travail
- gérer les relations voire les conflits entre les différents acteurs de santé
- organiser des groupes de travail et nommer des référents pour la mise en place des mesures
- contrôler l’application des règles et protocoles de façon pertinente et simple

Non seulement ces démarches contribuent à évaluer les pratiques professionnelles, mais elles favorisent le partage des connaissances en impliquant tous les soignants dans les décisions, conditions obligatoires à l’équilibre, au bon fonctionnement et au maintien de la sécurité en salle de naissance.
La prise en charge de la mère et de son enfant est un travail d’équipe où chaque professionnel a son rôle à jouer, et d’un bout à l’autre du parcours de soin, aucun de ces rôles ne doit être sous-estimé.

2 Commentaires
  • Isabelle LE CREFF, sage-femme . 07/11/2016

    Réponse à Anne C. : Bonjour, je n'ai pas connaissance de texte réglementaire concernant l'obligation de la présence et les missions d'un coordinateur en salle de naissance c'est le plus souvent une démarche volontaire des services de maternité pour favoriser la cohésion de l'équipe. Quand le service en est pourvu, cette mission est remplie par le cadre de santé suivant une procédure spécifiant le rôle de chacun. Mais les organisations et les effectifs étant trés différents d'une maternité à l'autre, les protocoles de prise en charge ne peuvent être que spécifiques à chaque établissement.
    Il n'en reste pas moins qu'en l'absence de cadre de santé, ce rôle peut être tenu par un des intervenants de la salle de naissance, que ce soit la sage femme , l'anesthésiste ou l'obstétricien.

  • anne c 10/10/2016

    Qui est coordinateur d un service de maternite ,salle de naissance
    le texte le spécifiant svp merci

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