Syndrome d'alcoolisation fœtal

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Syndrome d'alcoolisation fœtal : première cause de déficience intellectuelle évitable

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  • femme enceinte, alcool

L’alcool est la première cause de déficits mentaux congénitaux.

Chaque année, 8000 enfants fragilisés par les effets de l’alcool ingéré par la mère pendant la grossesse naissent en France. Parmi eux, 800 sont atteints de la forme la plus grave du Syndrome d’Alcoolisation Fœtal (SAF).

  • Sage-femme
Auteur : Isabelle Le CREFF / MAJ : 17/06/2020

Conclusion

Les dommages infligés au fœtus par l'alcool entraînent des troubles irréversibles chez l’enfant et l’adulte en devenir.

La prévention et le dépistage de la consommation maternelle sont une nécessité de santé publique, le Syndrome d’Alcoolisation Fœtale restant la première cause de déficience intellectuelle évitable.

Il doit rester à l’esprit de tous qu’il existe tellement de pathologies fœtales dont nous sommes impuissants à améliorer le pronostic, que dans le cas du SAF nous pouvons et devons agir.

Syndrome du bébé secoué

En salle de naissance, pas de gestion des risques sans travail d’équipe

Mécanisme de la toxicité de l’alcool chez le fœtus

L’éthanol et l’acétaldéhyde (produit de la dégradation hépatique de l’éthanol), franchissent par diffusion passive la barrière placentaire et exposent le fœtus, dont les capacités enzymatiques hépatiques sont faibles, à une alcoolémie égale à celle de sa mère.

Le fait que le fœtus soit exposé plus longtemps, du fait d’une élimination de l’alcool plus lente, provoque des dysfonctionnements dans les étapes de la multiplication des cellules cérébrales, de la migration neuronale et de la synaptogenèse, l’éthanol agissant comme un neurotoxique.

Le rôle de l’alcool dans ce processus est confirmé par le fait que les femmes ayant accouché d’enfants porteurs du SAF et devenues ensuite abstinentes mettent au monde des enfants sains.

Effets de l’alcool sur l’enfant et l’adulte en devenir

L’alcoolisation de la mère pendant la grossesse a des répercussions sur le développement du fœtus, mais aussi sur l’avenir de l’enfant grandissant, puisqu’on constate que, dans les formes sévères, le retard de croissance est majeur, et même en présence d'une alimentation correcte et de soins adaptés, ces patients restent de petite taille avec un poids subnormal. On note également que la microcéphalie est non seulement persistante avec un QI moyen aux environs de 75, mais que le plus souvent, elle s’aggrave.

Les troubles neurocomportementaux vont également persister s’ils étaient présents à la naissance, ou apparaître plus tardivement. Ce sont ces troubles neurologiques et comportementaux qui vont prédominer à l'adolescence et persister chez l'adulte.

Ces troubles d’adaptation, de jugement et de perception des règles sociales qui persistent à l’âge adulte, aggravés souvent par des carences éducatives et affectives, l’alcoolisation parentale, les multiples placements, et surtout un accompagnement social, médical et psychologique insuffisant, expliquent l’exclusion sociale de ces patients.

Les enfants les plus touchés vivent en institution : 10 à 14 % se retrouvent en collectivités pour handicapés mentaux.

Les formes moins sévères entraînent notamment des difficultés d’apprentissage (avec des troubles de l’attention, de la mémoire, du raisonnement abstrait), des troubles du calcul, du langage, une déficience sensorielle (surtout visuelle) et des troubles du caractère et du comportement.

Consommation d’alcool pendant la grossesse

Conséquences en fonction du mode d’alcoolisation

Lorsque la consommation est modérée, l’alcool entraîne des troubles du développement neurologique, qui vont perturber la scolarité, mais s’il n’existe pas de seuil à partir duquel les anomalies apparaissent, les facteurs génétiques en revanche conditionnent la susceptibilité individuelle.
Mais une nouvelle forme de consommation d’alcool a fait son apparition : l’alcoolisation aiguë, un phénomène très préoccupant qui a émergé ces dernières années.

Une étude de la mutuelle des étudiants sur les jeunes et l’alcool a révélé une nouvelle façon de consommer de l’alcool jusqu’à perdre connaissance et mettre sa vie en danger, qui rend des jeunes de tout juste 20 ans dépendants.

Une situation très inquiétante pour ces jeunes futurs parents ?

Les effets délétères de l’alcoolisation aiguë pourraient être bien supérieurs à ceux de l’alcoolisation chronique, car cette intoxication aigüe même transitoire est plus dangereuse surtout en début de grossesse, du fait de l’apport massif d’alcool dans la circulation fœto-maternelle.

Conséquences en fonction de la période d’alcoolisation

Au 1er trimestre : dysmorphies craniofaciales, atteinte des organes, muscles et squelette.
Au 2ème et 3ème trimestre : aggravation de l’hypotrophie, troubles du comportement et retard mental.

Sur le système nerveux central :

Au 1er trimestre : désorganisation sévère
Au 2ème trimestre : hétérotopies, dysgénésies corticales
Au 3ème trimestre : lésions de destruction de la substance blanche

Prévention et repérage

Si 80% des femmes consomment de l’alcool, un nombre de plus en plus élevé de jeunes femmes deviennent alcoolodépendantes.

Pourtant l’abord de la consommation d’alcool en consultation prénatale n’est pas systématique, le sujet de l’alcool étant souvent difficile à aborder avec les patientes, les risques étant le déni ou la sous-déclaration. Ce qui explique que l’item « alcool » présent dans tous les dossiers obstétricaux ne soit pas toujours renseigné.

Devant ce constat, il est impératif d’informer, de promouvoir l’abstinence pendant la grossesse et de rechercher la consommation d’alcool chez toutes les femmes enceintes de façon systématique.

Les recommandations à ce sujet sont clairement définies, tant par la SFA (Société Française d’Alcoologie) que par la HAS (Haute Autorité de Santé) et les sages femmes ont un rôle primordial dans la transmission du message : « Zéro alcool pendant la grossesse », les occasions de rencontrer et d’informer les patientes étant multiples (entretien préconceptionnel et prénatal, séances de préparation, consultations prénatales, consultations d’échographies).

Mais il est vrai que tous les professionnels de la naissance ne sont pas compétents en matière d’addiction, il est donc nécessaire de les sensibiliser et de les former à installer un climat de confiance avec les patientes et à repérer tout signe évocateur d’un alcoolisme maternel en cherchant systématiquement une alcoolisation fœtale devant un retard de croissance intra-utérin ou une diminution de périmètre crânien.
Outre cette démarche de prévention et de repérage de ces patientes, les anomalies morphologiques de l’enfant résultant de l’alcoolisme maternel doivent être également connues et repérées.

Le repérage précoce à l’âge scolaire est fondamental à la compréhension des problèmes de comportement et d'apprentissage d'un enfant et réside dans la réalisation de bilans neuropsychologiques, qui permettent ensuite de mettre en œuvre le plus tôt possible des mesures de rééducation appropriée limitant ainsi les conséquences neurocomportementales, ce qui constitue un bénéfice indiscutable quel que soit le diagnostic final des troubles.

En effet, la situation des enfants dont le diagnostic de SAF a été posé, peut être améliorée par une prise en charge de l’alcoolisation parentale, une stabilité affective, une aide socio-éducative, et un accompagnement social, médical et psychologique.

Le SAF se manifeste par :

  • un retard de croissance
  • une dysmorphie faciale : face allongée, petites fentes palpébrales, philtrum (sillon naso-labial) long, lisse et allongé avec une lèvre supérieure mince
  • une microcéphalie accompagnée d’un retard mental
  • des malformations cérébrales
  • des troubles neurocomportementaux qui seront décelés à distance (au-delà de 5 ans).
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