Le point sur l’efficacité de la formation au travail en équipe

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L’enjeu de l’amélioration du travail en équipe est devenu un sujet trans-industriel, considéré comme un des éléments clés de la qualité et de la sécurité. Un nombre incroyable d’études a été dévolu à la formation au travail collectif, montrant le plus souvent des impacts positifs de ces formations. Mais il faut y regarder de plus près pour avoir une vision qui dépasse les constats généraux.

Une analyse du professeur René Amalberti.

Auteur : Pr. René AMALBERTI / MAJ : 01/02/2019

Quelle est la définition exacte qu’on donne au travail collectif ?

On distingue le travail à faire collectivement (travail prescrit, souvent décrit en matière de tâches à faire en coordination, de résultats à obtenir, de métiers à associer, de rôles de chacun, de leadership, de compétences techniques) et le travail collectif proprement dit (travail réel, souvent décrit en termes de relations, communications, cohésion, satisfaction des membres de l’équipe). C’est essentiellement sur ce deuxième volet que porte cette analyse de littérature.

On dénombre 29 cadres de travail collectif dans la littérature, largement redondants qui insistent sur ce qui "cimente" le groupe, et maintient la cohésion et la participation de chacun dans les trois phases de préparation, animation, et débriefing sans oublier la phase dite de "maintenance" et de "gestion des conflits" ( dynamique interpersonnelle) entre chaque exercice pratique de travail.

Comment former au travail en équipe ?

La littérature souligne naturellement l’intérêt de soutenir les 4 phases décrites précédemment. On décrit 4 grandes approches :

  1. Les enseignements classiques aux concepts du bien travailler collectivement effectuées en salles de classe.
  2. Les formations plus interactives basées sur des cas cliniques et la participation et l’expérience de chacun, type CRM (Crew-Resource Management).
  3. Les formations par la simulation, souvent orientées vers la compétence technique, mais avec des effets positifs reconnus sur l’acquisition d’une compétence collective.
  4. Enfin, les audits in situ de pratiques collectives, reconnus utiles particulièrement pour déterminer un contenu pertinent pour tous les types de formations décrites précédemment.

Comment évaluer les résultats de ces formations ?

Là encore, il existe plusieurs solutions : la plupart des mesures s’attachent à la performance du groupe jugée par des critères externes (le résultat technique obtenu, l’amélioration de performance).

Certaines mesures se concentrent sur la façon plus intime dont la coopération s’installe entre membres de l’équipe, soit par auto évaluation, soit par observations.

Huit méta-analyses ont été publiées sur ce thème des formations au travail collectif dans les 5 dernières années, montrant toutes des résultats positifs ; mais ces méta-analyses montrent aussi combien il est difficile de faire la part dans les améliorations de performance dues à une meilleure prescription et structuration du travail collectif (le prescrit et son organisation) versus ce qui serait dû aux formations plus spécifiques au bien travailler collectivement (communication, cohésion, etc.)
Une nouvelle méta-analyse centrée sur l’apport plus particulier de ces formations à bien travailler collectivement a été publiée dans PLUS One (Mc Ewan 2017) à partir de tous les articles publiés jusqu’en 2015.

La recherche automatique par mots-clés sur toutes les bases remonte 22 066 articles, la recherche manuelle en ramène 3 797 publiés dans 13 journaux. Après nettoyage, on retrouve 1 517 articles potentiellement pertinents, dont finalement seulement 51 ont satisfait à tous les critères d’inclusion (protocole contrôlé, action sur le travail collectif et non sur le travail à faire, statistiques vérifiables, mesures claires et pertinentes).

Le résultat de cette méta-analyse montre que la formation au "bien travailler collectivement" est quasiment toujours associée à un effet significatif sur la performance, d’amplitude moyenne à large. L’effet se retrouve sans distinction dans les différents milieux industriels et de service. L’effet est d’autant plus grand que plus de dimensions du travail collectifs ont été l’objet de la formation. Il est aussi important sur les anciennes équipes constituées que sur les formations adressées aux nouvelles équipes récemment formées.

Les 4 méthodes de formation décrites précédemment marchent, mais la méthode d’enseignement professoral en lecture didactique de tous les concepts du travail collectif en salle de classe est celle qui est la moins pertinente. La participation des membres de l’équipe à la formation semble un facteur important de réussite. Un autre point important est que la formation doit vraiment porter sur les 4 phases pour être efficace :

  • préparation,
  • animation pendant l’exécution,
  • débriefing,
  • maintenance hors travail

Pour aller plus loin :

McEwan, D., Ruissen, G. R., Eys, M. A., Zumbo, B. D., & Beauchamp, M. R. (2017). The effectiveness of teamwork training on teamwork behaviors and team performance: a systematic review and meta-analysis of controlled interventions. PloS one, 12(1), e0169604.
https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0169604

 

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