Les leçons du Covid-19 pour la sécurité des soins et les systèmes de santé

Le cabinet international Deloitte a publié en accès libre (Ducarme, 2021) un document de cadrage et d’opinion sur les enjeux que devront gérer les systèmes de santé dans le futur après le Covid.

Cet article en fournit un résumé en français pour que chacun puisse juger des arguments présentés et nourrir ses propres réflexions.

Dans l’immédiat, l’urgence est encore au court terme de la crise Covid.

​​​​​​​La pandémie Covid aura un impact qui devra être traité par les autorités politiques et sanitaires dès que possible.

​​​​​​​Les maladies non transmissibles continueront d'augmenter - elles devraient représenter 75 % de tous les décès en 2030 contre 63 % en 2013. Parmi elles, les maladies chroniques vont demander une utilisation croissante des ressources de santé (par exemple 70 % du financement total de la santé en Angleterre sera consacré à 30 % de la population souffrant de maladies de longue durée). La santé mentale devrait devenir la principale cause de morbidité et de mortalité dans le monde d'ici 2030. En parallèle, la gestion actuelle des maladies transmissibles, y compris par la vaccination, restera au centre des préoccupations.

​​​​​​​Comment des systèmes de santé, déjà aux prises à des ressources limitées, vont-ils se (re)configurer pour améliorer leur capacité à gérer des crises sanitaires imprévisibles à grande échelle comme le Covid, tout en restant durables ?

​​​​​​​Voici 10 questions que ce grand cabinet international considère comme clé pour l’après-Covid et la reconfiguration des systèmes de santé. Leur lecture peut nourrir bien des débats et il est probable que nous ne donnerions pas tous la même réponse à chacune de ces questions :

1. ​​​​1. Les soins de santé continueront-ils à être gérés comme un coût ou seront-ils considérés comme un investissement ? La moyenne mondiale de 10 % du PIB consacrée aux soins de santé restera-t-elle la norme, ou verrons-nous une augmentation significative, notamment pour tenir compte d'une baisse du PIB à court terme dans les pays ?
    
2. ​​​​​2. Verrons-nous une évolution vers la prévention et les maladies transmissibles ? La transition des soins hors de l'hôpital se poursuivra-t-elle ? Verrons-nous une augmentation des budgets des hôpitaux ?
    
3. ​​​​​​3. Comment l'approche de la dépendance et aux personnes âgées évoluera-t-elle compte tenu notamment de la montée prévue des problèmes de santé mentale ?
    
4. ​​​​​​​4. Comment le mélange entre une couverture universelle préconisée par l'OMS et la gestion croissante de la santé individuelle, potentiellement privée et hors système de remboursement étatique, va-t-il évoluer ?
    
5. ​​​​​​​5. Les compétences du personnel de santé changeront-elles (par exemple, plus de professionnels de la santé capables d'intuber) et le système deviendra-t-il plus flexible (par exemple, capacité à réaffecter rapidement les ressources/budgets) ?
    
6. ​​​​​​​6. Verrons-nous plus de centralisation ou de décentralisation de la prise de décision en matière de soins de santé (par exemple, mesures de confinement décidées par nationalité ou par région) et des infrastructures (par exemple, quelques grands centres d'excellence par rapport à plus, des unités locales plus petites) ?
    
7. ​​​​​​​7. Les gouvernements intégreront-ils la souveraineté technologique nationale dans les politiques de santé, obligeront-ils les organisations à acheter la production dans le pays ou dans la région, ou même à nationaliser des entreprises pour assurer un approvisionnement continu en services/produits vitaux ? Comment équilibreront-ils le besoin d'une plus grande indépendance sanitaire tout en restant compétitifs dans une économie mondiale ?
    
8. ​​​​​​​8. Les cadres de propriété intellectuelle et les incitations à l'innovation changeront-ils fondamentalement (par exemple, de nouvelles voies de réglementation et d'accès) pour anticiper et réagir rapidement à la prochaine crise ?
    
9. ​​​​​​​9. Les partenariats public-privé deviendront-ils la norme dans l'écosystème de la santé (prestataires, fabricants, assureurs, etc.) ? Verrons-nous un rôle accru des acteurs orientés données et du GAFAM dans les systèmes de suivi/surveillance, de prévention et d'e-santé ?
    
10. 10. Les systèmes de santé accéléreront-ils la numérisation, y compris les flux de travail communautaires et hospitaliers, les dossiers de santé des patients, la télémédecine, l'aide à la décision ? La réglementation et la gestion des données sur la santé (par exemple, l'intégration des ensembles de données) changeront-elles de manière significative ? Les consommateurs seront-ils plus disposés à partager des données sur la santé ? Leur confiance dans les institutions scientifiques, les autorités sanitaires et les organisations privées de soins de santé augmentera-t-elle ?