Simulation en santé et gestion des risques

Tout sur la gestion des risques en santé
                et la sécurité du patient

Simulation en santé et gestion des risques - Fiche méthode 821

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Les facteurs humains constituent l’une des principales causes d’événement indésirable grave en santé. On retrouve classiquement des problèmes de communication, de coopération, d’erreurs humaines et de synergie d’équipe. Or, les seules procédures et les formations théoriques n’ont aucun effet sur ces causes.
La simulation en santé, en entrainant les équipes en situation quasi réelles, permet a contrario d’agir sur ces compétences dites non techniques et ainsi mieux préparer les professionnels à faire face en sécurité aux situations de soin.

Auteur : Dr Marie-Christine MOLL, Gestionnaire de risques, Directeur Scientifique de la Prévention Médicale, Vice-Présidente de la SoFraSimS, chargée de mission HAS / MAJ : 13/01/2023

Définition

Le terme "simulation en santé" correspond à l’utilisation d’un matériel (comme un mannequin ou un simulateur procédural), de la réalité virtuelle ou d’un patient standardisé, pour reproduire des situations ou des environnements de soins, dans le but d’enseigner des procédures diagnostiques et thérapeutiques et de répéter des processus, des concepts médicaux ou des prises de décision par un professionnel de santé ou une équipe de professionnels.

On décrit principalement la simulation basse fidélité (ou procédurale) utilisant des mannequins inertes ou des portions de mannequin, utilisée principalement pour former aux procédures de soins et la simulation haute fidélité ou pleine échelle où l’environnement est très proche de la réalité, utilisant des mannequins robotisés, des patients simulés (comédiens jouant le rôle de patient) des robots de chirurgie1 de la réalité virtuelle. La séance peut avoir lieu en centre de simulation ou in situ dans les lieux de travail des stagiaires ou être délocalisée lors de congrès pas exemple.

Contexte

Ce mode de formation a été largement introduit par les travaux de JC. Granry et MC. Moll dans leur rapport d’état des lieux de la simulation diligenté par la HAS1 en 2010/2012.

Ce rapport a été suivi de plusieurs référentiels structurant les règles de mise en œuvre de la formation en simulation (bonnes Pratiques2, évaluation des structures de simulation3),ainsi que leur valence en matière de DPC4.

Plus récemment, toujours sous la direction de M.C. Moll, chargée de mission, un Guide de gestion des risques et simulation5 a été produit pas la HAS.

L’objectif est de connecter centre de simulation et gestionnaires de risques de structures (ou professionnel de santé libéral) et ainsi de leur permettre d’utiliser la simulation comme moyen de sécurisation des soins, en particulier en utilisant le retour d’expérience sur les EIGS (évènements graves associés aux soins).

Les orientations nationales de DPC pour 2020/20226 font une large place à la simulation en santé.

En quoi la simulation constitue-t-elle un bon outil de gestion des risques ?

Elle permet bien entendu une amélioration des compétences techniques en particulier en formation initiale, puisque les gestes peuvent être reproduits un nombre de fois illimité sans risque pour le patient. En ce sens elle améliore la courbe d’apprentissage en la divisant par 10.

Mais son intérêt est particulièrement important pour l’amélioration des compétences non techniques et le travail en équipe agissant ainsi sur les comportements, la communication, la coopération, causes majeures des EIGS. Elle permet d’entrainer des équipes à savoir faire face à des situations de crise médicale ou à des situations complexes et évolutives. Elle améliore ainsi la résilience des équipes.

Comment se déroule une séance de simulation en santé ?

La briefing 

  • Repréciser les attentes des stagiaires.
  • Rassurer : absence de jugement, droit à l’erreur, absence de pièges.
  • Retransmission vidéo, signature du droit à l’image.
  • Présentation du matériel, test éventuel (sauf dans in situ).
  • Présentation du cas : histoire du patient, présentation du dossier, des examens complémentaires à disposition
  • Chacun joue son propre rôle.

La mise en situation

  • Sur la base de scénario écrit et d’objectifs pédagogiques clairs, le scénario est joué dans une salle indépendante.
  • Filmé et retransmis aux formateurs et au groupe des autres apprenants (permet le débriefing collectif, et la pédagogie collective).
  • Intervention si besoin d’un facilitateur si difficulté d’aboutir ou pour faire évoluer la situation du patient en fonction des actions des stagiaires.
  • Les formateurs disposent d’échelles d’évaluation des objectifs à atteindre et des échelles d’évaluations comportementales.
  • Durée entre 15 et 20 minutes.

Le débriefing

  • Intervention si besoin d’un facilitateur si difficulté d’aboutir ou pour faire évoluer la situation du patient en fonction des actions des stagiaires.
  • Les formateurs disposent d’échelles d’évaluation des objectifs à atteindre et des échelles d’évaluations comportementales.
  • Durée entre 15 et 20 minutes.

La phase Majeure la plus importante de la séance

  • Il repose sur les méthodes dites de pratiques réflexives : autrement dit c’est une auto analyse guidée dont la durée est au moins égale au scénario.
  • Rappel de la déontologie en termes d‘absence de jugement, de respect de la parole de l’autre.
  • Les formateurs sont compétents en débriefing en simulation (DU ou attestation).
  • Un psychologue et un expert de la spécialité peuvent être associés, car la méthode peut être déstabilisante.
  • Une charte de fonctionnement et de déontologie doit être prévue pour protéger les apprenants, les formateurs les acteurs s’il y en a.

Zoom sur le débriefing

La séance bien que retransmise n’est pas systématiquement revisionnée (quelques moments peuvent éventuellement être choisis) car se revoir est parfois éprouvant.

Le débriefing comporte trois étapes dites R. A.S. :

  • Réaction : verbalisation du vécu de la situation, les choses qui se sont bien ou mal passées ; la qualité de la communication, les interactions.
  • Analyse : pourquoi et comment les actions ont été réalisées, de quelle manière (causes techniques et non techniques).
  • Synthèse : Qu’avons-nous appris ? Ferions-nous différemment la prochaine fois ? Rappel éventuel des bonnes pratiques.

Un document d’aide à la progression est remis aux participants.

ATTENTION

  • Veiller à ce que la session ne se termine pas par un échec (on ne fait pas mourir le patient sauf cas particulier).
  • Les formateurs doivent être compétents et spécialement formés à la simulation et au débriefing.

 

Que préconise le guide HAS Gestion des risques et Simulation ?

Intégrer la simulation au sein des activités (établissements) de santé comme méthode de gestion des risques à part entière et partir du retour d’expérience des activités  (établissements) de santé pour créer des scénarios et des programmes avec les structures de simulation. Pour cela il existe des facteurs clé de succès.

Facteurs clé pour la gestion des risques

  • Avoir une stratégie de gestion des risques au sein de sa structure ou de son activité. 
  • Disposer d’un pilote gestionnaire des risques, légitime pour engager le programme. Disposer d’un système de déclaration et d’analyse des EIAS (source de scénario). 
  • Avoir identifié les besoins prioritaires en matière de sécurité du patient (hiérarchiser). 
  • Privilégier les causes récurrentes des accidents comme objectifs en simulation. Savoir quel type d’approche utiliser en fonction de l’objectif. 
  • Privilégier les programmes pluriprofessionnels en équipe (causes majeures des EIAS). 
  • Faire la synthèse des évaluations individuelles des participants pour assurer un plan d’action et son suivi, cohérent pour le secteur d’activité concerné, et intégré dans le programme d’actions de la structure de soins ou de l’activité. 

Facteurs clé de succès pour les structures de simulation

  • Disposer d’une structure de simulation de proximité. 
  • Choisir le bon type de structure de simulation (type 1, 2 ou 3) en fonction de la complexité ou de la technicité requise et du budget disponible. 
  • Disposer de formateurs compétents en simulation. 
  • Co-construire le programme de simulation : activité ou structure de soins et structure de simulation en suivant les règles de bonnes pratiques (voir guide HAS). 
  • Privilégier les programmes pluriprofessionnels en équipe (causes majeures des EIAS). 
  • Évaluer le programme de simulation réalisé. 
  • Élaborer une fiche individuelle d’aide à la progression pour les participants et proposer un plan d’action et des modalités de suivi, et éventuellement une nouvelle séance de simulation à distance. 

Quels outils de gestion des risques peuvent être transposés en simulation ? (non exhaustif)

Un exemple de programme complet de gestion des risques intégrant de la simulation en établissement de soins

  • Le secteur d'oncologie souhaite améliorer la gestion des chambres implantables suite à de nombreux EIAS (infections, obstructions, douleur).
  • Une visite de risque ciblée sur ce processus est organisée par la GDR/qualité. Lors de cette visite, une analyse de scénario clinique en simulation est proposée. 3 groupes sont programmées.
  • Parallèlement, est organisée de la simulation procédurale pour la gestion des chambres implantables pour les professionnels les moins expérimentés (IDE nouvelles arrivées, celles ayant peu de pratiques, élèves IDE...).
  • Des questionnaires d'aisance sont réalisés avant, après et à distance des sessions.
  • Un suivi exhaustif des EIAS sur ce thème est organisé sous forme de CREX pendant 6 mois.

 

La Prévention Médicale propose des formations en simulation à l'annonce des dommages associés aux soins >

férences

Etat de l’art national et international en matière de pratiques de simulation dans le domaine de la santé (dans le cadre du DPC) JC Granry ; MC Moll, HAS Janvier 2012
2Guide bonnes pratiques en matière de simulation en santé. HAS Décembre 2012
3 Guide pour l’évaluation des structures de simulation. HAS Mai 2015
DPC, Simulation en santé, Fiche technique méthode. HAS Novembre 2017
5 Simulation en santé et gestion des risques. HAS Février 2019
6 Arrêté du 31 juillet 2019 définissant les orientations pluriannuelles prioritaires de développement professionnel continu pour les années 2020 à 2022