Revue de presse - Janvier 2020

Tout sur la gestion des risques en santé
                et la sécurité du patient

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Découvrez notre rubrique d'analyses du mois de la presse professionnelle sur le risque médical : parité salariale hommes/femmes, urgences cardiaques au Royaume-Uni, comportements déplacés des patients, liens entre fatigue et compétences des chirurgiens ORL...

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Auteur : Pr René AMALBERTI / MAJ : 07/01/2020

Manque d’infirmiers et taux de mortalité dans les hôpitaux

Étude américaine associant le taux de mortalité hospitalier avec l’exposition cumulée des patients à différents niveaux de sous-effectifs hospitaliers et de taux de turnovers de patients dans trois CHU entre 2007 et 2012.

On définit les sous-effectifs importants comme inférieurs à 75 % des effectifs prévus. Les rotations de patients/lits sont considérées comme élevées quand elles dépassent en moyenne annuelle la valeur de 1 en écart type par patient/par lit/par jour.

Le taux de mortalité pour les patients exposés à ces sous effectifs importants (par rapport à des patients non exposés) est de 1.027 (95 % CI 1.002 - 1.053, p<0.001), et ce chiffre passe à 1.025 (95 % CI 1.008 - 1.043, p=0.035) en cas de cumul entre sous-effectifs et rotation élevée sur les lits.

Pour les patients exposés sur 5 jours consécutifs à des sous-effectifs, les chiffres sont de 1.048 (95 % CI 0.998 - 1.100, p=0.061). On ne retrouve pas par contre de lien entre rotation importante sur les lits et mortalité.

On a donc essentiellement un effet sous-effectifs.

Needleman J, Liu J, Shang J, et al Association of registered nurse and nursing support staffing with inpatient hospital mortality BMJ Quality & Safety 2020;29:10-18

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Absence de parité salariale Hommes-Femmes même chez les médecins… Les chirurgiens femmes moins rémunérées que les chirurgiens hommes au Canada

Une amusante étude de genre canadienne (tout de même publiée dans un journal majeur) questionne les rémunérations comparées des chirurgiens et des chirurgiennes pour chaque heure passée à opérer dans un système de santé privé de rémunération à l'acte.

Données recueillies dans l’Ontario entre le 1er janvier 2014 et le 31 décembre 2016. On compare les gains par heure passée à opérer entre chirurgiens masculins et féminins et les gains stratifiés par spécialité chirurgicale dans une analyse appariée.

On analyse aussi les facteurs potentiellement associés aux disparités de gains, y compris les différences de durée et de type d'interventions entre les hommes et les femmes chirurgiens.

Au total, 1 508 471 interventions chirurgicales incluses réalisées par 3 275 chirurgiens.

Les femmes chirurgiennes ont moins d’années de pratique que les hommes (moyenne 8,4 ans [2,9-16,6] vs 14,7 [5,9-25,7] ans ; P<0,001) ; la majorité des femmes chirurgiennes pratiquent la gynécologie (400 sur 819 chirurgiennes [48,8 %]). Le salaire horaire des chirurgiennes est 24 % inférieur à celui des chirurgiens de sexe masculin (OR 0,76 [IC à 95 %, 0,74-0,79]; P<0,001). Cette disparité persiste après ajustement avec la spécialité, avec les plus grandes différences moyennes observées en chirurgie cardio-thoracique (en dollars américains : 59,64 $/heure) et en chirurgie orthopédique (55,45 $/heure). Il n'y a aucune différence dans le temps pris par les hommes et les femmes chirurgiens pour effectuer les procédures courantes mais les femmes pratiquent majoritairement des interventions avec les gains horaires les plus bas.

Conclusion : même dans un système de rémunération à l'acte, les chirurgiens masculins et féminins n'ont pas le même salaire pour les mêmes heures de travail ; les interventions chirurgicales les plus lucratives restent l’apanage des hommes. Ces résultats appellent à une analyse complète des facteurs de disparités de rémunération en fonction du sexe, y compris les modèles de référence, et soulignent la nécessité de solutions plus systémiques pour atteindre une vraie parité.

Dossa, F., Simpson, A. N., Sutradhar, R., Urbach, D. R., Tomlinson, G., Detsky, A. S., & Baxter, N. N. (2019). Sex-based disparities in the hourly earnings of surgeons in the fee-for-service system in Ontario, Canada. JAMA surgery.

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Ré-analyse de l’effet week-end dans la prise en charge des urgences cardiaques le week-end et la nuit au Royaume Uni

L’effet week-end (WE) a donné lieu à de multiples analyses contradictoires. Rappelons que, globalement (toutes pathologies confondues), la littérature retrouve presque toujours un effet sur les données brutes mais cet effet est souvent atténué - voire annulé - en prenant en compte les données corrigées et le poids des pathologies lors des admissions de week-end.

L’étude reprend cet historique pour un cas particulier, celui des urgences cardiaques, particulièrement des infarctus du myocarde (IM) et des syndromes de menaces coronariennes où le temps de prise en charge est critique.

Une première revue de littérature de 2014 montrait un effet week-end très net (Sorita BMJ 2014) mais cette étude a été totalement contredite par une étude de 2017 (Enezate Am J Cardiol 2017). Une nouvelle étude (Jayawardana, BMJQS, 2019) plus fine porte sur les admissions de ces pathologies en Angleterre et au Pays de Galles et retrouve à nouveau l’absence d’effet week-end (mortalité à 30j de 3,91 % vs 3,86 % en admission heures ouvrées).

Toutefois, en regardant la gravité des patients, il s’avère que les patients hospitalisés en heures ouvrées sont plus lourds que ceux du week-end et de la nuit et, du coup, en données corrigées, il réapparait un effet week-end avec un délai moyen retard de 7 minutes dans la stratégie de re-perfusion et l’expansion du ballonnet dans une coronaire, délai qui pourrait expliquer le pronostic aggravé en week-end. Les patients du week-end victimes d’IM sont souvent plus jeunes et avec moins de facteurs de risques associés. Ce résultat est doublement contradictoire, à la fois avec la méta-analyse de 2017, et aussi plus globalement avec l’idée que les patients du week-end seraient plus lourds, ce qui est ici l’inverse. Les auteurs mentionnent aussi deux autres points à considérer dans ces résultats contradictoires : le premier est l’excellence globale des centres anglais sur ce domaine de prise en charge des IM qui réduit sans doute l’effet week-end pour ces pathologies, et le second est qu’ils ont dû éliminer 20 234 patients de la cohorte étudiée (en WE et hors WE) parce que les données étaient absentes ou incomplètes de leurs dossiers (notamment le temps entre le premier contact médical et celui de  l’expansion du ballonnet "door to balloon"). Ils en viennent même à penser qu’un tel nombre de patients pour lesquels les données du "door-to-balloon" sont absentes, ne relève sans doute pas simplement du hasard… et pourrait expliquer une partie des résultats contradictoires observés qui relèveraient plus d’une face cachée des défauts de prise en charge en heures ouvrées comme non ouvrées.

Bion J Weekend effect: complex metric for a complex pathway BMJ Quality & Safety  Published Online First: 24 December 2019. doi:10.1136/bmjqs-2019-010497

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Médecins et internes face aux commentaires blessants et aux comportements déplacés des patients

Une étude qualitative sur 50 professionnels médicaux (13 externes, 26 internes et 11 médecins hospitaliers de 4 CHU et lieux de stages), rapportent leurs expériences face à des comportements déplacés de patients allant de commentaires négatifs à voix haute, remarques racistes, xénophobes, plaisanteries de mauvais goût, jusqu’au rejet pur et simple des soins, et en constatant aussi l’augmentation progressive de ces comportements, en lien en partie avec la pénurie de professionnels et les attentes imposées aux patients.

Les données ont été recueillies au sein de 13 groupes de discussion du 9 mai au 15 octobre 2018.

Tous ces professionnels décrivent un impact négatif important sur leur bien-être émotionnel et l'environnement des soins cliniques avec un effet sur l'épuisement, le doute de soi et le cynisme. La plupart constatent leurs hésitations quant aux moyens appropriés et efficaces de répondre à ces mauvais comportements des patients.

Principaux résultats et mesures : les principaux thèmes associés aux types de rencontres, à l'importance pour le participant et aux obstacles et facilitateurs à des réponses efficaces ont été résumés grâce à l'approche comparative constante. Certains participants ont réagi par un droit de retrait de leur rôle clinique, d’autres par une quête accrue à fournir des soins de qualité.

Les obstacles à des réponses efficaces comprenaient le manque de compétences, le soutien insuffisant des collègues seniors et de l'institution, et la perception du manque d'utilité d’une réponse sur le moment. Les participants ont exprimé le besoin d'une formation sur le traitement de ces cas répétés et croissants d’agressions verbales par les patients, et d’une politique institutionnelle claire pour guider les réponses.

Wheeler, M., de Bourmont, S., Paul-Emile, K., Pfeffinger, A., McMullen, A., Critchfield, J. M., & Fernandez, A. (2019). Physician and Trainee Experiences With Patient Bias. JAMA internal medicine179(12), 1678-1685.

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Liens entre fatigue, somnolence diurne des internes en chirurgie ORL, et compétences peropératoires

Étude de l'association entre épisode de somnolence diurne chez les internes de chirurgie et leur compétence technique.

Cette étude de cohorte prospective incluait 19 stagiaires en chirurgie dans des programmes d'oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale dans 2 établissements universitaires (École de médecine de l'Université Johns Hopkins et Hôpital universitaire MedStar Georgetown). Les médecins ont été recrutés du 13 juin 2016 au 20 avril 2018. L'analyse comprend des données saisies entre le 27 juin 2016 et le 20 avril 2018.

Les variables mesurées sont la compétence technique peropératoire (autoévaluée par le chirurgien référent et l’interne à l'aide de l'outil d'évaluation globale de la septoplastie (SGAT) et des échelles analogiques visuelles. La somnolence diurne signalée est mesurée à l'aide de l'échelle de somnolence d'Epworth (ESS).

Résultats de 19 stagiaires en chirurgie, 17 internes (9 femmes) et 2 médecins boursiers en chirurgie plastique (1 femme et 1 homme) ont effectué une médiane de 3 procédures de septoplastie (1-9 procédures) sous la supervision d'un médecin référent. Sur les 19 stagiaires en chirurgie, 10 (53 %) étaient âgés de 25 à 30 ans et 9 (47 %) avaient 31 ans ou plus.

Globalement, le score moyen de somnolence diurne était de 6,74 (IC 95 %, 5,96-7,52), sans différence de sexe. Ce score ESS était de 7,57 (IC 95 %, 6,58-8,56) chez les stagiaires âgés de 25 à 30 ans et de 5,44 (IC 95 %, 4,32-6,57) chez les stagiaires âgés de 31 ans ou plus.

Dans les modèles de régression ajustés pour le sexe, l'âge, l'année de troisième cycle et la complexité technique de la procédure, il y avait une association inverse statistiquement significative entre les scores de somnolence et les compétences techniques évaluées par les médecins référents (−0,41; IC 95 %, −0,55 à −0,27; P <0,001). L'association entre les scores de somnolence et les compétences techniques n'était pas statistiquement significative quand elle était autoévaluée par les internes.

Tseng, Y. W., Vedula, S. S., Malpani, A., Ahmidi, N., Boahene, K. D., Papel, I. D., ... & Malekzadeh, S. (2019). Association between surgical trainee daytime sleepiness and intraoperative technical skill when performing septoplasty. JAMA facial plastic surgery21(2), 104-109.

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Lien entre mortalité et temps pré-hospitalier dans les urgences traumatologiques en France

Une étude française, publiée dans le JAMA, analyse l'association du temps total pré-hospitalier et de la mortalité hospitalière dans les systèmes de traumatologie français, avec l'hypothèse que le temps total pré-hospitalier (défini par le temps écoulé entre l’arrivée de l’équipe médicale sur la scène de l’accident et la prise en charge intra-hospitalière) est associé à une mortalité accrue.

Cette étude de cohorte a été menée de janvier 2009 à décembre 2016 à partir de 2 registres régionaux distincts de traumatologie en France (1 urbain et 1 rural) qui ont tous deux un service médical d'urgence doté de personnel médical.

Résultats : 10 216 patients inclus d’âge moyen 41 ans, dont 7 937 hommes (78,3 %), avec des blessures à prédominance non pénétrantes (9 265, 91,5 %) et de gravité moyenne (6 737, 66,5 %) avec au moins 1 région corporelle touchée par une liste type de blessures de 3 ou plus sur une échelle de gravité de 6.

1 259 patients (12,4 %) étaient en état de choc (avec une pression systolique <90 mm Hg) et 2 724 (26,9 %) présentaient un traumatisme crânien grave.

En données brutes, le risque de décès augmente de 9 % pour chaque 10 minutes de temps supplémentaire pré-hospitalier (OR 1,09 [IC 95 %, 1,07-1,11]). Ces chiffres restent significatifs même après ajustement des données avec un risque de décès de 4 % pour chaque 10 minutes supplémentaires de temps pré-hospitalier (OR 1,04 [IC 95 %, 1,01- 1.07]).

Ces résultats plaident en faveur d'une organisation accrue des soins pré-hospitaliers en traumatologie et la nécessité de mieux définir un rapport optimal intervention/temps.

Gauss, T., Ageron, F. X., Devaud, M. L., Debaty, G., Travers, S., Garrigue, D., ... & Bouzat, P. (2019). Association of prehospital time to in-hospital trauma mortality in a physician-staffed emergency medicine system. JAMA surgery154(12), 1117-1124.

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Incroyable mais vrai : un risque de mortalité à 5 ans bien plus élevé qu’imaginé après la première hospitalisation ou la première visite aux urgences

Le risque de décès chez les patients après leur première admission à l'hôpital ou après leur première visite aux urgences pour une raison quelconque n'est pas connu.

L'objectif de cette étude canadienne basée sur les données administratives de l'Ontario, au Canada, de 2007 à 2017 est précisément de mesurer ce risque de décès sur cinq ans chez les adultes de 66 ans et + après leur première hospitalisation ou visite aux urgences (que ces visites et hospitalisations soient planifiées ou non), versus une cohorte témoin qui n’avait été ni admise à l'hôpital ni présentée aux urgences dans la même période.

Parmi 922 074 personnes âgées vivant dans le bassin de vie considéré, 12,7 % sont décédées (116 940 décès) dans les 5 ans (taux de mortalité standardisé de 53,8 pour 1 000 années-personnes).

Après la première hospitalisation non planifiée, 39,7 % sont décédées (59 234 décès, taux de mortalité standardisé 127,6 pour 1 000 années-personnes). Après la première hospitalisation prévue, 13,0 % sont décédées (10 775 décès, taux de mortalité standardisé 44,6 pour 1 000 années-personnes). Après la première visite aux urgences, 10,9 % sont décédées (35 663 décès, taux de mortalité standardisé 36,2 pour 1000 années-personnes).

Parmi les personnes sans visite aux urgences ni hospitalisation au cours du suivi, 3,1 % sont décédées (11 268 décès, taux de mortalité standardisé 29,6 pour 1 000 années-personnes). Un peu plus de la moitié de tous les décès sont survenus chez les personnes admises pour la première fois à l'hôpital (50,7 %).

Le décès dans les 5 ans suivant la première hospitalisation non planifiée pour les personnes âgées est donc fréquent et courant.

Ce résultat est souvent masqué par un pronostic à court terme favorable ; en effet, la plupart des gens survivent au-delà de l'admission, mais déjà, chez les adultes d'Amérique du Nord, la mortalité toutes causes confondues à 1 an après l'hospitalisation varie entre 7 % et 12 %.

Certaines conditions ont un résultat à long terme bien moins favorable. Les trois quarts des personnes hospitalisées pour insuffisance cardiaque ne vivent pas au-delà de 5 ans. Seuls 5 % des patients admis à l'hôpital avec un nouveau diagnostic de cancer du poumon sont en vie à 5 ans.

L'estimation du risque est importante pour de nombreuses raisons. Fournir aux patients ou à leur famille des estimations des risques peut aider à éclairer leurs décisions en matière de soins.

Quinn, K. L., Stall, N. M., Yao, Z., Stukel, T. A., Cram, P., Detsky, A. S., & Bell, C. M. (2019). The risk of death within 5 years of first hospital admission in older adults. CMAJ191(50), E1369-E1377.

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Continuité et parcours de soins : qui fait quoi entre spécialistes, généralistes et patients…l’expérience (difficile) du Canada

La continuité des soins et la médecine de parcours posent une question récurrente sur la gestion des rendez-vous du patient. Qui est en charge sur le long terme ? le généraliste, le spécialiste, ou le patient. La question a été récemment l’objet d’un débat dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ). Les médecins de l’Ontario sont dans une impasse à ce sujet.

En octobre, l'Ordre des Médecins et Chirurgiens de l'Ontario (OMCO) a publié une série de directives sur la continuité des soins qui exigent des médecins une disponibilité renforcée (délais de rdv réduits), une meilleure couverture du territoire et des besoins de santé, une gestion des tests et examens complémentaires prescrits plus sûres (en termes de pertinence, temps de prescription et restitution au patient), et des transitions dans les soins facilités.

Les autorités des autres provinces ont établi des politiques similaires ces dernières années, stimulées par la mort d'un homme de l'Alberta en 2012 à la suite de multiples échecs dans la coordination de ses soins.

Pourtant, ces nouvelles politiques suscitent la controverse, en particulier la politique sur les transitions dans les soins, qui comprend une nouvelle obligation pour les médecins de consulter directement les patients au sujet des rendez-vous. Auparavant, la tâche incombait souvent aux médecins traitants. Lors des consultations, les spécialistes ont fait valoir que le médecin référent devrait être responsable de la communication avec le patient jusqu'à ce que le patient voie un spécialiste. Mais les médecins traitants se sont plaints que la transmission de messages entre les patients et les spécialistes gaspille du temps et de l'argent, et les patients peuvent se perdre dans ce mélange de genre.

Autre problème, les nouvelles directives ne sont pas claires sur les références à l'imagerie diagnostique et certains établissements exigent toujours que le médecin traitant contacte le patient. Le médecin demandeur est responsable du suivi s'il remet la demande au patient, mais si le médecin envoie la demande à l'établissement, l'établissement est responsable du suivi.

Le manque de personnel peut également contribuer au problème. Selon le Collège des médecins et chirurgiens de la Colombie-Britannique, le petit nombre de spécialistes qui refuseraient de communiquer directement avec les patients ont tendance à voir des volumes relativement élevés de renvois. Dans un cas, le bureau d'un spécialiste confronté à des plaintes pour défaut de réponse ou de lancement d'appels était "simplement à court de personnel". Une fois que le spécialiste a engagé un assistant à temps partiel pour retourner les appels, les plaintes ont cessé.

Concernant la disponibilité médicale accrue, les nouvelles directives font débat en demandant à ce que les cabinets de médecins acceptent les messages vocaux en dehors des heures d'ouverture et aient un plan de coordination des soins en dehors des heures d'ouverture. Beaucoup de cabinets médicaux se refusent à cette directive faute de personnel suffisant.

Il n’échappe à personne que la plupart de ces questions s’adressent pratiquement dans les mêmes termes en France…

Overduin R. Continuity of care policy exposes fault lines in the medical profession, December 19, 2019, CMAJ news,

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L’agence américaine des produits de santé ouvre un bureau de surveillance du déploiement des dossiers électroniques patients dans les hôpitaux

Toutes les administrations internationales en santé poussent les établissements de soins à adopter rapidement - si ce n’est déjà fait - des systèmes de dossiers patients électroniques en louant tous les avantages attendus (connectivité, réduction des erreurs, etc…) mais il existe également des inconvénients récurrents à cette adoption en masse, dont on découvre toute l’ampleur avec la mise en pratique à grande échelle.

On a notamment un problème dans leur mise en place puis leur mise à jour, plus ou moins bien faite dans le temps. L’agence américaine des produits de santé (Food and Drug Administration), consciente du problème et activée par le ministère sur ce sujet, a installé un "Bureau de coordination national" en charge de la surveillance de la qualité et de la sécurité du déploiement national de ces dossiers électroniques aux USA.

Ce bureau analyse les produits des fournisseurs, vérifie qu’ils ont été certifiés conformes aux normes spécifiques de conception, de fonctionnalité et de sécurité énoncées par l’agence, et qu’ils répondent encore à ces normes dans le temps, lorsqu'ils ont été mis en œuvre et utilisés.

Des enquêtes sur site peuvent être déclenchées en réponse à un problème signalé (réactif) ou au hasard (randomisée).  A noter qu’une surveillance aléatoire avait été au départ requise pour au moins 2 % des produits certifiés, mais n’est plus obligatoire.

Pacheco, T. B., Hettinger, A. Z., & Ratwani, R. M. (2019). Identifying Potential Patient Safety Issues From the Federal Electronic Health Record Surveillance Program. Jama322(23), 2339-2340.

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Peu d’effets sur la qualité des soins de la fusion-rachat entre hôpitaux

La carte hospitalière s'est considérablement consolidée aux USA au cours des deux dernières décennies avec un rythme de rachats et de fusion entre établissements qui s’est même accéléré depuis 2010. De nombreuses études ont montré que ces fusions hospitalières ont entraîné des prix plus élevés pour les patients assurés (aux USA), mais les recherches sur les effets sur la qualité des soins liées à ces fusions sont restées limitées.

L’étude utilise la base Medicare et les bases de données hospitalières entre 2007 à 2016 pour associer (1) quatre mesures de la qualité des soins (un index composite des mesures du processus clinique, un index composite des mesures de l'expérience du patient, de la mortalité et du taux de réadmission) avec (2) les données sur les fusions et acquisitions d'hôpitaux survenues de 2009 à 2013.

Au total, l’étude porte sur 246 hôpitaux cibles, en situation de fusion-absorption par un autre hôpital ou réseau vs 1 986 hôpitaux de contrôle. Les hôpitaux fusionnés ont une baisse modeste mais significative de la mesure de l'expérience patient (−0,17 [IC], −0,26 à −0,07 ; P = 0,002) ; on ne retrouve pas de variation significative des taux de réadmission à 30 jours et de la mortalité à 30 jours. Par contre, ils connaissent une amélioration significative des performances de la mesure du processus clinique (0,22 -95 %, 0,05 à 0,38 ; P = 0,03), mais cette amélioration a souvent débuté avant la fusion, et ne peut donc pas être attribuée de manière certaine au changement de propriétaire.

Conclusion :  l'acquisition d'un hôpital par un autre hôpital ou un autre réseau hospitalier est associée à un vécu des patients légèrement dégradé, mais reste sans impact sur la mesure objective de la qualité de soins.

Beaulieu, N., Dafny, L., Landon, B., Kuye I. & McWilliams, J. M. (2020). Changes in Quality of Care after Hospital Mergers and Acquisitions. January 2, 2020N Engl J Med 2020; 382:51-59
DOI: 10.1056/NEJMsa1901383

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Le temps consacré à l'utilisation des médias sociaux clairement associé à des problèmes de santé mentale chez les adolescents

L’étude proposée porte sur une cohorte longitudinale représentative de 6 595 adolescents américains (cohorte Population Assessment of Tobacco and Health) conduite en trois vagues de 2013 à 2016.

Les temps passés sur les réseaux sociaux au cours d'une journée type sont estimés par auto-évaluation et regroupés en 5 niveaux : aucun, ≤ 30 minutes, > 30 minutes à ≤ 3 heures, > 3 heures à ≤ 6 heures et > 6 heures.

Dans les analyses non ajustées, passer plus de 30 minutes sur les médias sociaux, par rapport à une absence d'utilisation, est déjà associé à un risque accru de pensées co-morbides et ce risque augmente en proportion de la durée pour atteindre des valeurs importantes au-delà de 3 heures (≤ 30 minutes : 1,39 ; > 30 minutes à ≤ 3 heures : 2,34 ; > 3 à ≤ 6 heures : 3,15 ; > 6 heures : 4,29).

Dans les analyses sur données ajustées (aux pathologies des ados), l'utilisation des médias sociaux pendant plus de 3 heures par jour par rapport à l'absence d'utilisation reste significative.

Conclusion : les recherches futures devraient déterminer si la fixation de limites à l'utilisation quotidienne des médias sociaux, l'augmentation de l'éducation aux médias et la refonte des plateformes de médias sociaux sont des moyens efficaces de réduire le risque de santé mentale associé à cet usage inapproprié dans cette population.

Riehm, K. E., Feder, K. A., Tormohlen, K. N., Crum, R. M., Young, A. S., Green, K. M., ... & Mojtabai, R. (2019). Associations between time spent using social media and internalizing and externalizing problems among US youth. JAMA psychiatry76(12), 1266-1273

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Effets des sous effectifs infirmiers dans des maternités du Kenya

Étude basée sur des observations de la qualité des soins infirmiers réalisée sur 216 bébés nés dans 6 maternités de Nairobi au Kenya. On étudie particulièrement la fréquence et la qualité des soins donnés aux nouveaux nés, les examens, les changes, et la courbe pondérale de ces bébés en condition de sous effectifs infirmiers plus ou moins grands.

Globalement, les tâches des infirmiers sont réalisées en moyenne à 60 %, avec une disparité par bébé puisque le chiffre de 80 % des tâches à faire n’est atteint que sur 14 % des bébés.

On note que les secteurs privés de ces hôpitaux ont un taux moyen de 1 infirmier pour 3 nouveaux nés, avec un maximum de 1 infirmier pour 7 nouveaux nés. Mais dans le secteur public des mêmes hôpitaux, le taux moyen d’effectif est de 1 infirmier pour 19, avec des cas à 1/25. Les observations montrent que le dépassement du ratio de 1 infirmier pour 12 nouveaux nés s’associe à un recul de plus de 25 % des soins à faire et non réalisés.

Gathara D, Serem G, Murphy GAV, et al Missed nursing care in newborn units: a cross-sectional direct observational study BMJ Quality & Safety 2020;29:19-30.

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