Un chaton de 5 mois est présenté en consultation à la suite d’une chute depuis un appartement situé au 3e étage. Un diagnostic de fracture en bois vert du radius est établi. Le traitement est réalisé par un simple pansement contentif semi-rigide (attelle).
Des consignes sont données quant à l’observation de l’extrémité distale du membre, la surveillance de l’état général et la nécessité de prévenir en cas de douleur ou de complication.
Un contrôle est prévu et réalisé au 9e jour. A cette occasion, un léger œdème de l’extrémité du membre est noté par le praticien. Le pansement est renouvelé.
Le lendemain, jour férié, l’animal est ramené en urgence en raison de douleur vive. La patte est froide et un sillon disjoncteur est visible en face interne de l’avant-bras.
L’animal est hospitalisé, un anti-infectieux et un anti-inflammatoire sont administrés.
La nécrose oblige à prendre deux jours plus tard la décision d’amputation. Le chat amputé vit sans séquelle en appartement. Mais il vit sur trois pattes.
La RCP du vétérinaire sera mise en cause, sa responsabilité sera reconnue (défaut de moyens et d’information) et une transaction amiable apportera une solution au litige.
L’événement indésirable est ici constitué par une complication grave, connue et comprise des professionnels, mais inattendue et peu compréhensible pour le maître de l’animal. La complication et sa sanction chirurgicale apparaissent disproportionnées à la banalité et la bénignité perçues de la lésion traitée. La complication apparaît alors comme un dysfonctionnement dans les soins. Il s’agit assurément d’un événement indésirable grave (EIG).
Trois possibilités thérapeutiques s’offraient dans ce cas de figure :
Le premier choix exposait, outre le reproche ultérieur d’insuffisance thérapeutique, à une aggravation de la lésion par des mouvements intempestifs de l’animal. Le second choix exposait aux risques anesthésiques et chirurgicaux, indépendamment du coût thérapeutique beaucoup plus élevé. Le troisième choix apparaissait comme le plus classique en la circonstance sur un très jeune sujet et pour le segment osseux considéré.
"Néanmoins, en raison du comportement propre d’un chaton, il est plus difficile à mettre en œuvre que dans le cas d’une fracture équivalente chez un humain en situation de contrôler et maîtriser ses mouvements, par exemple." Le confort de l’attelle est primordial et tout l’art réside dans la juste mesure du serrage du pansement.
Références :
Garnier E. Le pansement de Robert-Jones chez le chien et chez le chat, Le Point Vétérinaire, n° 222, janvier-février 2002.