Les sources d’erreurs sont multiples, et les connaître permet d’éviter de les reproduire. Le maître de l’animal peut en être une… Sa place lors de la consultation est importante. Déterminer avec tact et fermeté les limites à respecter pour réaliser l’examen de leur compagnon de vie avec toute la concentration nécessaire est primordial.
Un chat mâle castré, âgé de six ans, vit paisiblement depuis son plus jeune âge avec son maître dans un petit appartement.
Le maître, subitement soucieux du confort affectif et social de son compagnon félin, décide de lui adjoindre une compagne.
Des connaissances lui signalent l’existence d’une belle petite chatte à donner. À l’âge de trois mois, celle-ci est introduite dans l’appartement. Un nom à consonnance féminine lui est immédiatement attribué : Topaline.
Un mois plus tard, le maître la présente au vétérinaire pour identification (puce électronique) et vaccination. Un document d’identification et un carnet de vaccination sont établis au nom de cette femelle dénommée Topaline.
La deuxième injection de primo-vaccination est effectuée un mois plus tard par un autre vétérinaire. Aucune anomalie n’est détectée.
Enfin, encore un mois plus tard, c’est-à-dire à l’âge de six mois, Topaline est présentée à un troisième praticien, dans un troisième établissement, pour stérilisation. Celui-ci découvre immédiatement une erreur sur le sexe : Topaline offre à voir, en effet, à l’œil un tant soit peu exercé, des bourses proéminentes contenant deux testicules. Au lieu d’une ovariectomie, une orchiectomie est alors pratiquée.
Le maître est fort contrarié. Ses plans échafaudés pour l’agrément de son premier chat s’effondrent, d’autant que les deux animaux se battent. Et se battent de plus en plus, le premier n’ayant jamais admis l’introduction brutale de l’intrus sur son territoire.
Le maître considère que les deux animaux ne cohabitant pas paisiblement et passant leur temps à se battre, l’erreur sur le sexe commise par le premier praticien ayant procédé à l’identification en est la cause et lui est préjudiciable : il aurait rendu l’animal au donateur (à l’âge de quatre mois !) s’il avait su que la chatte présumée était en réalité un chat.
Il intente une action en responsabilité civile professionnelle à l’encontre du praticien identificateur. Le praticien est reconnu fautif de ne pas avoir vérifié le sexe de l’animal en l’identifiant et le vaccinant et portant ainsi une information erronée sur les documents respectifs. Toutefois le préjudice invoqué (les bagarres et leurs conséquences) est considéré comme sans lien prouvé avec l’erreur sur le sexe.
Le premier occupant des lieux était certes un chat mâle mais il avait perdu ses caractères sexuels primaires puisque castré. Idem pour celui introduit puisqu’il a été castré à six mois.
C’est une idée répandue que deux chats de sexe différent cohabitent mieux que deux animaux de même sexe. Il est bien connu aujourd’hui, au vu des connaissances acquises sur le comportement des chats domestiques, que ce n’est pas forcément le cas. Le tempérament propre des chats, et notamment de celui en place, de surcroît s’il est âgé de quelques années, est beaucoup plus déterminant dans la conflictualité que le sexe de l’un et l’autre. Et beaucoup plus que la question du sexe, c’est celle de la gestion de l’introduction du second animal sur le territoire du premier qui est déterminante en premier lieu pour permettre l’habituation suivie d’une cohabitation harmonieuse.
Ce cas clinique porte sur l’introduction dans un foyer d’un nouveau chat auprès d’un chat présent depuis quelques années et sur les aspects éthologiques liés. Il comporte de surcroît une erreur fautive effectuée par un vétérinaire sur l’identification du chat indûment désigné comme femelle.
Si une relation causale ne peut être établie entre les deux faits, l’un et l’autre offrent à considérer des aspects intéressants et utiles en matière de prévention des événements indésirables au cours des soins et autres actes vétérinaires.