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Débats et chiffres sur l'amélioration globale de la sécurité

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2016 - Estimer le nombre de morts associés aux EIG

19/07/2017

La controverse actuelle, et les difficultés

Shojana, K dixon-Woods M., Estimating deaths due to medical error : the ongoing controversy and why it matters, BMJ QS, Published line

Résumé

Une des raisons essentielles au succès du rapport de l’académie de 1999 sont les chiffres alarmistes des estimations publiées sur le poids annuel des EIG aux USA (seconde cause de décès avec 44000 à 98000). Ces chiffres ont créé le support public, journalistique, et motivé la plupart des réformes introduites sur la sécurité du patient.

Depuis, certaines publications récentes (Makary, 2016, référencé précédemment dans cette rubrique) autant alarmistes et autant inférentielles montrent des chiffres identiques avec  à nouveau un énorme retentissement médiatique. Mais en y regardant de près, le protocole utilisé pour arriver à cette conclusion est tout sauf scientifique ; il synthétise des études publiées çà et là sur le taux d’EIG fatal, et peu scientifiques non plus, et fait une inférence sur une moyenne arithmétique. Les auteurs se défendent en disant que leur résultat est bien conforme aux résultats déjà publiés…

Mais d’un point de vue strictement méthodologique, les problèmes sont important et la crédibilité faible :

  • Rien n’est dit explicitement dans toutes ces études sur le lien entre EIG et décès. On présume le lien direct, mais ce n’est que rarement le cas dans toutes les études qui font cette analyse (case mix)
  • Le processus d’inférence à partir de quelques données observées (très faible fréquence) n’est pas contrôlé ; il est simplement l’objet d’une règle de trois sans simpliste. C’est la question de fond sur l’évitabilité et son calcul. Par exemple, la méthode HealthGrades, spécialisée dans ce domaine, considère que plus de 50% des EIG sont évitables. Mais les productions Leapfrog sont presque à la moitié, en excluant tous les EIG réels mais ponctuels, escarres ou infections, récupérés, et qui ne sont pas raisonnablement en lien avec le décès par ailleurs constaté.
  • Les récentes études montrent que les PSI ont moins de 20% de prédictibilité et de validité du risque réel ; sans parler de la corrélation pathologie-décès et des risques évidemment différents d’EIG (infections notamment) entre un patient qui a déjà un terrain historique d’infections (clostridium difficile) et celui qui n’a jamais encore eu d’infections.

Ces jeux journalistiques de chiffres avancés à une discipline qui se voudrait scientifique et qui ne l’est pas.  

Ceci-dit, il serait méthodologiquement bien difficile d’être dans une approche scientifique prouvée du corrélat EIG-Décès. C’est encore un domaine de recherche complexe.

Mon avis

Mon avis : très bonne analyse critique des méthodes d’évaluation