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Fréquence des EIG et risques en anesthésie

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2002 - Le modèle de super sécurité de l’anesthésie est-il un mythe ou une réalité

14/08/2015

Lagasse R. Anesthesia safety : myth or model, Anesthesiology, 2002, 97 :1609-17

Résumé

La sécurité en anesthésie a considérablement progressé en 20 ans, passant de 1 mort pour 10,000 actes à 1 mort pour 250,000 actes. Ce progrès est en général compris comme le résultat combiné d’innovations technologiques, l’adoption de procédures,  et l’adoption de multiples mesures de lutte contre l’erreur. Ce modèle de succès est devenu une référence que l’on présente aux autres spécialités en les encourageant à le suivre. De ce fait, ce modèle attirant peut drainer l’argent et les priorités des autorités de tutelles au détriment d’autres modèles alternatifs jugés moins performants ; il est donc légitime de s’interroger sur sa valeur avant d’entrer tête baissée dans ce suivisme.
L’auteur a réalisé  (1) D’abord une revue de question étendue sur anesthésie et mortalité sur les 25 dernières années,  en sélectionnant aussi tout ce qui touche à la péri mortalité et pas seulement à la mortalité per opératoire, (2) Puis deux études multi sites (réseau de CH) entre janvier 1992 et Décembre 1994 puis entre janvier 1995 et décembre 1999 . Ces études ont reposé sur une revue de dossiers par des pairs pour tous les décès survenus dans les 48 heures suivant l’acte anesthésique en recherchant des éléments à charge de l’anesthésie.
Résultats : 23 papiers sélectionnés dans la revue de question: la mortalité péri-opératoire totale va de 1/55 à 1/5417 avec un taux de mortalité imputable à l’anesthésie de 1/1388 à 1/48 748. Parallèlement, sur les 115 évènements mortels  péri opératoires repérés entre 92 et 94, et les 230 repérés en 1995, la mortalité anesthésique a varié entre 30.3/10.000 et 15.8/10000 avec une péri mortalité à 18.9/10000 en moyenne (soit de l’ordre de 1/500). Les erreurs humaines étaient à l’origine du problème dans 3 cas sur les 115 de la première série (2.6%), et 11 cas de la seconde (4.7%). Cette fréquence moyenne de 1/500 décès lié à l’anesthésie en péri opératoire est retrouvée par le JCAHO et les hôpitaux des vétérans, mais bizarrement, les papiers publiés dans la revue littérature sont plutôt plus optimistes. Sans doute un problème de définition de ce que l’on mesure (certains papiers ne parlent que de per opératoire, d’autres vont jusqu’à 30 jours, d’autres s’arrêtent à la sortie de l’hôpital (transfert exclu), bien sûr sans parler des variations liées aux  reviewers.
Au bilan, les données suggèrent que la mortalité per et  péri opératoire est de l’ordre de 1/500 actes ; cette mortalité recouvre différentes mesures qui peuvent être plus optimistes selon la définition que l’on donne. Ce taux de 1/500 est stable depuis plus de 10 ans. Attention donc à ne pas conclure trop vite à des progrès important.

Mon avis

Une étude parfois un peu confuse dans sa démonstration, mais clairement conflictuelle avec les études plus classiques, qui doit faire réfléchir, en particulier sur la définition.