Grand Prix 2022 de la Prévention Médicale : Vincent Lemarteleur pour son simulateur trachéo-bronchique

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Grand Prix 2022 de la Prévention Médicale : Vincent Lemarteleur pour son simulateur trachéo-bronchique

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Le prix des internes a été attribué à Vincent Lemarteleur pour son simulateur trachéo-bronchique pour l’apprentissage de l’extraction de corps étranger chez l’enfant. L’objectif est de proposer cette méthode pédagogique aux apprenants, étudiants comme professionnels, pour se perfectionner dans leur pratique du soin, diminuer le risque d’erreurs et améliorer la prise en charge du patient.

Auteur : La Prévention Médicale / MAJ : 11/04/2023

A propos du fondateur du simulateur

Vincent Lemarteleur est actuellement doctorant à l’Unité de Recherche en Biomatériaux Innovant et Interfaces (URB2i – UR 4462). Il est également rattaché depuis 2017 à l’Unité de Formation et de Recherche (UFR) de médecine à l’Université Paris Cité.

Grâce aux outils numériques de conception et fabrication assistées par ordinateur (CFAO), il développe des simulateurs à des fins pédagogiques pour les professionnels de santé ayant tous niveaux de formation, et sans limite de spécialités.

Vincent Lemarteleur, qu’est-ce qui vous a motivé à développer cette initiative ?

L’inhalation de corps étranger trachéo-bronchique est une situation fréquente en pédiatrie avec un risque de décès par obstruction des voies aériennes et asphyxie. 

Les extractions de corps étrangers correspondent à des gestes techniques très délicats, qui nécessitent de combiner à la fois l’extraction du corps avec un bronchoscope (tube rigide principalement utilisé dans cette indication) et la communication parfaite avec l’équipe d’anesthésie afin de ventiler efficacement l’enfant. 

Ces deux caractéristiques en font un geste redouté par les ORLs et les anesthésistes. De ce fait, peu d’internes ou jeunes chefs de cliniques ont été confrontés à ces situations en tant qu’opérateur principal et se retrouvent régulièrement à devoir extraire un corps étranger en pleine nuit, sans aide disponible et sans avoir pratiqué cet acte auparavant.

Pour répondre à ces diverses problématiques, la simulation en santé est une méthode pédagogique maintenant  largement adoptée dans les cursus de formation en santé. 

En quoi consiste cette méthode pédagogique par la simulation ?

Cette méthode permet aux apprenants, aussi bien étudiants que professionnels, de se perfectionner d’un point de vue technique mais aussi relationnel dans leur pratique du soin. 

A l’aide de mannequin mimant le patient ou des éléments anatomiques, il est possible de s’entrainer dans un environnement sécurisé et de récréer des situations vécues dans un contexte clinique. 

Pour l’extraction du corps étrangers, un modèle d’arbre bronchique souple, reproduit des sensations réalistes en terme de résistance mécanique, de taille et de mobilité lorsqu’un bronchoscope se déplace dans celui-ci. Conçu et réalisé pour s’adapter sur un mannequin pédiatrique déjà existant, divers corps étrangers peuvent aisément être insérés et retirés dans le simulateur, avec la possibilité d’augmenter la difficulté d’extraction suivant le type de corps étrangers et l’emplacement choisi dans l’arbre bronchique. 

Dans le cadre de différents scénarii, l’apprenant interagit autour du mannequin-patient, avec à ses côtés une équipe d’encadrants, composée de professionnels de santé (anesthésiste, infirmière, aide-soignant), tout en perfectionnant sa gestuelle avec le bronchoscope et les autres instruments nécessaires à l’aspiration du corps étranger. 

L’environnement d’un bloc opératoire est reproduit à l’aide d’une table d’opération, d’un respirateur de ventilation, de chariots de blocs et un scope, avec la possibilité de faire varier les paramètres vitaux du mannequin.

Comment cette méthode pédagogique est-elle diffusée auprès des praticiens ? 

Pour répondre aux besoins de formation, l’équipe de professionnels de santé à l’origine du projet a mené une action au niveau national à destination des internes en otorhinolaryngologie, en se déplaçant sur plusieurs sites dans toute la France (Paris, Nancy, Tours, Marseille, Lyon, Bordeaux, Montpellier). 

En utilisant les centres de simulation en santé implantés dans les universités, ce sont près de 140 internes (soit 1/3 de tous les internes ORL de France) qui ont été formés en près de 6 mois. 

L’équipe a également animé des ateliers dans des congrès nationaux dédiés à sa spécialité, pour sensibiliser un public professionnel sur cette thématique.

Quelle est la robustesse scientifique et pédagogique de cette méthode ?

D’un point de vue scientifique, le simulateur a fait l’objet d’une présentation lors du Congrès de la SoFraSimS 2022. A cette occasion, l’aspect interdisciplinaire (ingénieurs et professionnels de santé) du travail de conception et de fabrication du dispositif a été largement mis en avant. 

Par ailleurs, un article publié dans le journal International Journal of Pediatric Otorhinolaryngology détaille le procédé de fabrication pour permettre sa duplication et sa diffusion au sein de la communauté, grâce aux outils numériques de visualisation 3D et de fabrication par impression 3D.

Par ailleurs, l’évaluation pédagogique de notre méthode est en cours et fera prochainement l’objet d’un article pour évaluer l’impact sur le patient à long terme. 

Les premiers résultats préliminaires montrent qu’un interne, avant de pratiquer cet atelier de simulation, quel que soit son ancienneté, ne se sent pas capable d’extraire un corps étranger trachéo-bronchique. De plus, ses connaissances théoriques (montage de bronchoscope, utilisation d’un bronchoscope, complications éventuelles d’une extraction de corps étrangers) sont assez limitées.

Après la session de simulation, l’interne semble bien plus en confiance et apte à extraire un corps étranger avec des connaissances théoriques solides. Trois mois après la séance de simulation, les résultats sont sensiblement similaires, avec cependant une légère baisse de la confiance sur la capacité à extraire un corps étranger et des connaissances théoriques. Une répétition annuelle de ces sessions de simulation apparaît comme une option intéressante afin de maintenir et consolider les résultats acquis. 

Par ailleurs, un retour d’expérience d’internes ayant assisté à des extractions de corps étrangers après avoir participé aux sessions de simulation, met en exergue un bénéfice net dans la manipulation des instruments et la communication interdisciplinaire. A travers ces différents éléments, l’apport de nouveaux outils de formation conçus en coopération avec des professionnels de santé est palpable. 

Mieux préparer les futurs soignants en leur donnant une assurance suffisante et un entrainement en adéquation avec la réalité clinique diminue le risque d’erreurs et contribue également à maintenir un niveau de pratique conforme aux recommandations, tout en améliorant la prise en charge du patient.

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