Dystocie des épaules : quels sont les bénéfices de la simulation ?

Tout sur la gestion des risques en santé
                et la sécurité du patient

Dystocie des épaules : quels sont les bénéfices de la simulation ?

  • Réduire le texte de la page
  • Agrandir le texte de la page
  • Facebook
  • Twitter
  • Messages0
  • Imprimer la page
  • Simulation dystocie des épaules

La simulation en santé est une méthode pédagogique qui est définie dans le rapport de la Haute Autorité de Santé (HAS), comme « l’utilisation d’un matériel (comme un mannequin ou un simulateur procédural), de la réalité virtuelle, ou d’un patient standardisé, pour reproduire des situations ou des environnements de soins, enseigner des procédures diagnostiques et thérapeutiques et permettre de répéter des processus, des situations cliniques ou des prises de décision par un professionnel de santé ou une équipe de professionnels ».

Quels sont les impacts de la simulation en situation d’urgence obstétricale, notamment en cas de dystocie des épaules ?

  • Sage-femme
Auteur : Isabelle LE CREFF, sage-femme / MAJ : 22/08/2017

Explications

En fonction des objectifs pédagogiques, plusieurs stratégies peuvent être sélectionnées, seules ou combinées :

  • l’entrainement à des gestes techniques (usuels ou exceptionnels)
  • la mise en œuvre de procédures (individuelles ou collectives)
  • l’entrainement au raisonnement clinique diagnostique et/ou thérapeutique
  • la gestion des comportements (mise en situation professionnelle, travail en équipe, communication, etc.)
  • la gestion des risques (reproduction d’événements indésirables, capacité à faire face à des situations exceptionnelles, etc.).

Dans la prise en charge des urgences obstétricales, la simulation est un outil qui permet d’étudier le travail et la communication en équipe, les facteurs humains, et évaluer l’efficacité de la gestion des ressources en situation de crise.
Mais le coût économique et humain élevé de ce type de formation nécessite qu’elle soit évaluée en termes d’amélioration des pratiques, et de baisse de la morbi-mortalité maternelle et néonatale.
En effet, les publications révélant un impact positif de la simulation en situation d’urgence obstétricale ne sont pas nombreuses, mais mettent quand même en évidence une amélioration de la perception des performances individuelles et du travail en équipe ainsi qu’un changement positif des comportements et attitudes en équipe.

La dystocie des épaules constitue une situation à risque de conséquences maternelles et fœtales dramatiques.
On estime sa fréquence de survenue entre 0,2 et 3 % des accouchements par voie basse, la complication la plus fréquente étant la lésion du plexus brachial consécutive à une traction excessive sur le cou fœtal. Dans les cas les plus sévères, une hypoxie cérébrale et un décès peuvent survenir, si la naissance ne survient pas dans les 5 minutes suivant le début de la dystocie.
La faible prévalence de cette complication obstétricale ne favorise pas l’apprentissage clinique.
En salle de naissance, elle demeure une angoisse pour les obstétriciens et les sages-femmes, qui sont confrontés à cette situation exceptionnelle parfois pour la première fois, et doivent exécuter les manœuvres adaptées de façon précise et rapide.
C’est l’urgence obstétricale la plus étudiée dans le cadre de la simulation. L’analyse de la littérature scientifique la concernant, met en évidence des résultats positifs importants en termes d’acquisition et de maintien des connaissances, de capacité d’appel à l’aide, de communication en équipe et vis-à-vis de la patiente. Un impact clinique de la diminution du taux de plexus brachial a été démontré, révélant ainsi un impact direct de la simulation sur la morbidité néonatale.

En effet, il ressort de ces études une amélioration des scores de confiance en soi et une diminution significative du stress des soignants (gynécologues-obstétriciens, sages-femmes, auxiliaires de puériculture…).
La simulation permet également le perfectionnement des gestes techniques, l’amélioration des connaissances théoriques et pratiques des sages-femmes et des obstétriciens et semble profitable à tous les professionnels de la naissance dans l’amélioration de la communication avec les autres acteurs de la prise en charge. Cependant l’effet de la simulation ne semble pas perdurer dans le temps en l’absence de nouvelle formation.

Conclusion

Dans ce contexte, la simulation en tant qu’outil pédagogique a toute sa place.
En situation de dystocie des épaules, l’analyse de la littérature scientifique récente révèle l’impact positif de la simulation sur la morbidité, par la diminution du taux de plexus brachial fœtal à la naissance.
Par la répétition des tâches, des gestes et des procédures, elle permet d’améliorer l’acquisition et le maintien de compétences techniques, la confiance en soi des soignants, la compréhension du contexte clinique, le vécu de la prise en charge en urgence, et la communication au sein de l’équipe soignante et vis-à-vis de la patiente dans ces contextes d’urgence obstétricale.

Des séances pratiques régulières pourraient, par conséquent, être un atout dans les formations initiales et continues en situations d’urgences obstétricales.
La participation par chaque professionnel à ces séances doit être suffisamment fréquente pour en garder les bénéfices, mais doit rester réalisable (séances chronophages et mobilisation de nombreux professionnels). Une participation annuelle de chaque professionnel à une séance de simulation semble être une cible raisonnable.

Références

1 État de l’art (national et international) en matière de pratiques de simulation dans le domaine de la santé Dans le cadre du développement professionnel continu (DPC) et de la prévention des risques associés aux soins. JC Granry, MC Moll - HAS Janvier 2012
 
2 Dystocie des épaules : recommandations pour la pratique clinique. (Revue de littérature) L. Sentilhes a, ⁎ , M.-V. Sénat b, A.-I. Boulogne c, d, C. Deneux-Tharaux e, F. Fuchs b, G. Legendre a, C. Le Ray f, E. Lopez g, T. Schmitz h, V. Lejeune-Saada. Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction Volume 44, n° 10. pages 1303-1310 (décembre 2015)

0 Commentaire

Publier un commentaire