Des signes cliniques prémonitoires post-opératoires mal gérés par l’équipe soignante et l’équipe médicale avec une procédure de sortie de l’hôpital mal sécurisée.
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Cas clinique
Patiente de 33 ans.
Le 12 octobre, lipectomie avec liposuccion en clinique.
Le 21 mars de l’année suivante, ré-intervention par le même chirurgien plasticien pour complément de liposuccion et reprise sur « oreilles » constituées à chaque extrémité de la cicatrice. A noter une prophylaxie anticoagulante par HBPM lors de la première intervention mais non renouvelée lors de la seconde.
Dans la nuit du 21 au 22 mars, selon les dires de la patiente, elle aurait ressenti une douleur « dans la poitrine et dans le dos » dont elle avait fait part au personnel présent. Mais ni l’infirmier, ni l’aide-soignant de nuit ne se rappelaient avoir été appelés par la patiente pour une douleur de ce type. L’infirmier disait avoir signalé « qu’à 21h, la patiente était peu algique, qu’à 0h, il avait pratiqué une injection et qu’à 3h, la patiente n’était pas algique ». Ces signalements n’étaient, toutefois, pas mentionnés sur les feuilles de surveillance dans le dossier de la malade.
Le 22 mars au matin, lors du retrait de la perfusion, elle se sent fatiguée avec une impression de malaise. Au moment du lever pour la toilette, elle éprouve une vive douleur thoracique antero-postérieure (la même que la nuit mais beaucoup plus forte) s’accompagnant de palpitations. L’infirmière du matin notait : « Petit malaise pendant la toilette, recouchée, jambes surélevées, PA : 10 / 6… Dit s’être levée trop vite et n’avoir pas assez mangé malgré la prise de deux petits déjeuners. Collation resservie + petits gâteaux donnés par la maman qui était présente ». Ultérieurement, l’infirmière ajoutait « avoir pensé à un malaise vagal et en avoir fait part par téléphone à l’anesthésiste qui était au bloc opératoire ». Celui-ci lui avait répondu : « on la garde, si elle veut rester ».
Lors de l’expertise, l’anesthésiste présent au bloc déclarait : « J’étais là le lendemain de l’intervention. Il est possible qu’on m’ait appelé. On ne m’a jamais signalé de douleur. Il est possible qu’on m’ait parlé de malaise vagal et que j’ai fait dire à la patiente de rester si elle voulait. Mais cette réponse a également pu être faite par l’un de mes associés ». D’après l’infirmière, la patiente -qui avait un fils de 14 ans à la maison- n’avait pas accepté cette proposition et, lorsque l’anesthésiste était monté, vers 12h30-13h, elle était déjà partie. L’infirmière confirmait ne pas avoir le souvenir que la patiente lui ait parlé de douleur, qu’elle disait aller mieux au moment de son départ et qu’elle avait, avant de sortir, à nouveau, refusé de rester un jour de plus. La patiente démentait qu’on lui ait proposé de rester un jour de plus mais simplement dit qu’« elle pouvait se reposer un peu avant de sortir, le temps que cela aille mieux ». Elle confirmait avoir quitté la clinique sans avoir vu de médecin. Interrogé ultérieurement par l’expert pour savoir s’il voyait systématiquement les patients avant leur départ de la clinique, le chirurgien répondait : « (…) J’habite à 40 km de la clinique. J’ai un accord avec les anesthésistes et ce sont eux qui décident de la sortie des patients (…) ». En regagnant son domicile, la patiente disait s’être plainte d’un essoufflement à la marche ainsi que d’une nouvelle douleur thoracique.
Le 23 mars vers 9h, en se levant, la patiente ressent une douleur thoracique avec perte de connaissance responsable d’une chute motivant l’appel du SMUR dont le médecin constate : « polypnée à 28 /min, chute tensionnelle à 80mmHg de maxima, tachycardie, pâleur et vomissements ». Lors de l’hospitalisation à l’hôpital public en réanimation, le diagnostic d’embolie pulmonaire bilatérale était confirmé par angioscanner et la patiente traitée immédiatement par Héparine, le traitement thrombolytique étant contre-indiqué par la chirurgie récente. La recherche d’une thrombose veineuse périphérique restait négative. L’évolution était favorable et la malade quittait le service de cardiologie le 11 avril avec relais de l’Héparine par du Previscan® qui était toujours poursuivi 18 mois plus tard lors de l’expertise.
Plainte pénale pour blessures involontaires