Appel téléphonique pour douleur thoracique : arrêt cardiaque à l'arrivée au cabinet médical

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Appel téléphonique pour douleur thoracique : arrêt cardiaque à l'arrivée au cabinet médical - Cas clinique

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La suspicion d’un infarctus du myocarde impose la mise en œuvre la plus rapide possible d’une surveillance médicale et des moyens thérapeutiques adaptés...

  • Médecin
Auteur : La Prévention Médicale / MAJ : 17/06/2020

Cas clinique

Homme de 53 ans ayant comme antécédents une hypertension artérielle de découverte récente mais parfaitement équilibrée par une monothérapie (Preterax® ) associée à une hypercholestérolémie et à un surpoids. Tabagisme (3 pipes/ j).

Le 8 juillet 2005, peu avant 13 heures, après le repas, malaise accompagné d’une douleur thoracique antérieure et de sueurs. Dans la matinée, le patient avait tondu une pelouse mais à l’aide d’un engin motorisé sur lequel il était assis, en ne fournissant aucun effort. Craignant un infarctus myocardique, il demandait à son épouse d’appeler son médecin traitant. En l’absence de ce dernier, c’est son associé -par ailleurs, médecin des sapeurs pompiers- qui répondait à l’appel. Il envisageait, entre autres diagnostics, la possibilité d’un infarctus du myocarde mais signalait qu’il était indisponible, puisqu’ appelé juste avant pour des soins à apporter à un enfant chez lequel une chute avait provoqué une plaie du cuir chevelu à suturer. Il conseillait donc à son interlocutrice de conduire son mari au plus vite à son cabinet (distant d’environ 13 km du domicile du patient).

Vers 13h15, 13h20, l’épouse du patient garait son véhicule personnel devant le cabinet du médecin et pénétrait, avec son mari, dans la salle d’attente. Au bout d’un temps qu’elle ne pouvait préciser, son mari s’était écroulé à même le sol de la salle d’attente . Alerté par ses cris, le médecin sortait de son cabinet où il consultait et demandait à sa secrétaire d’appeler le « Centre 15 » en même temps qu’il débutait un massage cardiaque. L’appel était enregistré à 14 heures. Les pompiers arrivaient à 14h18 et le médecin du SMUR à 14h48. Le traitement associait massage cardiaque , ventilation et injection de 8 mg d’adrénaline. Le tracé ECG enregistré à 14h17 faisait état d’une fibrillation ventriculaire et celui enregistré à 14h37, d’un tracé isoélectrique. Le patient était déclaré décédé à 14h45.
L’enquête ultérieure précisait que le médecin avait reçu à partir de 13h10 une patiente qui avait pris rendez-vous. La consultation avait duré environ 20 minutes. En quittant le cabinet, cette patiente avait croisé l’enfant blessé qui arrivait et précisait qu’il n’y avait personne dans la salle d’attente. La mère de l’enfant indiquait être arrivée vers 13h25. Pour sa part, la secrétaire du médecin déclarait être arrivée, comme d’habitude, vers 13h30 et que le patient et son épouse n’étaient pas dans la salle d’attente. Ils étaient arrivés environ 20 minutes après elle. Elle avait immédiatement prévenu le médecin de leur arrivée et c’est en sortant du bureau du praticien qu’elle avait entendu l’épouse crier et vu le patient à terre.

Jugement

Expertise (juin 2006 - mai 2007)

 

Les experts, l’un professeur  des universités, chirurgien, chef de service des Urgences d’un CHU et l’autre, médecin cardiologue estimaient que le patient avait vraisemblablement fait un infarctus du myocarde, rapidement compliqué d’une mort subite. Ils soulignaient, toutefois, qu’en l’absence d’autopsie, il n’était pas possible d’affirmer le mécanisme exact du décès. Ils rappelaient que la suspicion d’un infarctus du myocarde imposait la mise en œuvre la plus rapide possible d’une surveillance médicale et des moyens thérapeutiques adaptés. En janvier 2004, le guide d’aide à la prise en charge des urgences édité par SAMU de France indiquait « angor instable et infarctus du myocarde justifient l’envoi immédiat et systématique d’une unité mobile hospitalière en vue de prévenir la mort subite et de mettre en œuvre une stratégie de désobstruction… ». Il convient donc d‘appeler le Centre 15 le plus vite possible. Celui-ci met en œuvre les moyens de confirmer le diagnostic, de traiter certaines complications (essentiellement les troubles du rythme) et de débuter un traitement en concertation avec les équipes hospitalières amenées ultérieurement à prendre en charge le patient. En ne faisant pas appel directement au Centre 15, le comportement du médecin généraliste n’a pas été conforme aux règles de l’art et aux données acquises de la science. Cependant, il est impossible d’affirmer que cette prise en charge aurait pu éviter l’issue fatale. Il s’agit donc d’une perte de chance. Pour le patient, la possibilité d’être ressuscité aurait été de 65% si le SMUR avait été présent lors de son arrêt cardiaque alors qu’en l’absence de moyens de ressuscitation, elle était nulle. Il faut, toutefois, prendre en compte la mortalité de l’infarctus du myocarde de l’ordre de 40% à 5 ans, soit au total une perte de chance de 39% (65% x 60%).

Défaut de prise en charge d’une douleur thoracique persistante

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