Mort d'un chiot atteint de parvovirose : un problème de confiance ?

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L’établissement d’une relation de confiance et de partenariat entre le vétérinaire et le propriétaire de l’animal est un élément fondamental pour une qualité de prise en charge optimale de l’animal et la prévention du risque contentieux. La rupture de cette relation, peut être prévenue par la qualité de la communication entre le praticien et le maître de l’animal aussi bien sur le fond que la forme.

Auteur : le Dr Michel Baussier, Docteur vétérinaire / MAJ : 15/04/2022

Cas clinique

Un chiot né le 3 août 2019, vacciné, présente le 1er octobre chez l’acheteur des signes cliniques présentés comme de la toux, accompagnés de vomissements répétés, avec anorexie, sans diarrhée au début.

Après une courte phase d’amélioration en soirée, il est présenté le lendemain matin au vétérinaire qui émet immédiatement un diagnostic de suspicion de parvovirose canine. Le chiot est aussitôt hospitalisé.

Il est perfusé et reçoit un traitement symptomatique classique de gastroentérite virale.

Un test ELISA confirme la suspicion de parvovirose. Ce diagnostic sera confirmé par un test PCR.

Malgré les soins apportés, qui seront considérés à dire d’expert comme conformes aux données acquises de la science, l’animal meurt le 4 octobre.

La mort d’un chiot de deux mois atteint de parvovirose ne constitue pas à proprement parler un événement indésirable grave (EIG) lié aux soins. 

Dans ce cas présenté, il n’est considéré comme EIG que parce que les nouveaux propriétaires, acheteurs du chiot, confondant les bruits spastiques associés aux efforts de vomissement avec de la toux, et manifestement influencés par le vendeur, ont refusé d’emblée le diagnostic énoncé, y compris après la confirmation par le laboratoire.

L’hypothèse d’une envenimation buccale par prédation d’un crapaud (événement non constaté) avait leur faveur. Ils décrivaient notamment avec force un œdème buccal que le praticien ne constatait pas.

La contestation du diagnostic a commencé à l’instant même où, précocement, le praticien leur a fait part de leurs droits en matière de rédhibition et leur a indiqué la procédure à suivre, qu’ils ont considérée comme hostile vis-à-vis du vendeur, déclarant que le praticien était ainsi plus enclin à défendre leurs intérêts matériels et considérer les questions juridiques qu’à sauver le chiot.

Le contrat de soins tacite est fondé sur la confiance. Ce cas illustre une brutale rupture de confiance. C’est à ce titre qu’il est intéressant en matière de prévention des complications avec le maître et de sécurisation des actes.

Analyses

 

Commentaire
Ce cas n'évoque un EIG que pour l'acheteur, qui n'y a vu ou n'a voulu y voir qu'erreur de diagnostic et défaut de prise en charge.

Proposition d'actions préventives

  • Pour se prémunir contre l’évolution critique de la relation de confiance en situation d’urgence, il conviendrait, autant que faire se peut, de faire activement, a posteriori, la démarche de rattrapage auprès du maître de l’animal, des insuffisances mentalement récapitulées, du caractère "partenarial et bienveillant" de la consultation.
  • Dès lors que le vétérinaire intervient au cœur d’un litige civil en puissance, en particulier en matière de vente d’animaux, il doit avoir le souci du caractère contradictoire des gestes essentiels du diagnostic (prélèvements notamment).

Vous avez des questions, des réactions concernant ce cas clinique ?
Adressez-nous votre commentaire à
contacts@prevention-medicale.org

 

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