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Fréquence des EIG en obstétrique - Accouchement à domicile, en maison de naissance et en maternité

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2024 - Réaction des autorités canadiennes à une surmortalité maternelle en nette augmentation

07/08/2025

Varner, C. (2024). Optimizing post-partum care in Canada as rates of comorbidity in pregnancy rise. CMAJ, 196(26), E908-E909.

Résumé

Les problèmes hypertensifs pendant la grossesse ont augmenté de 40% en 10 ans au Canada, avec nombre de femmes enceintes mal ou non traitées. Les grandes pathologies chroniques (obésité, diabète, HTA) touchent maintenant 1 canadienne sur 5 en âge de procréer.

Ces conditions médicales dégradées, signe sociétal d’un plus grand nombre de grossesses à haut risque, se traduisent par plus de complications en post-partum particulièrement dans les deux premières semaines, avec une surveillance qui ne doit pas faiblir malgré le retour à domicile souvent éloigné de l’hôpital. 

Le retour, en cas de problème, par la case urgences générales surchargées et non spécifiques est tout aussi problématique pour ces femmes vulnérables, et encore plus si elles arrivent avec leur nouveau-né. Rappelons que ces femmes à risques continuent à être suivies de façon privilégiée au Canada par les obstétriciens avec un rendez-vous donné à 6 semaines après l’accouchement, contrairement aux grossesses normales suivies de façon bien plus souple et directe par des sages-femmes et généralistes lors du retour à domicile. La consigne qui leur est donnée est qu’en cas de problème, elles s’adressent à leur généraliste ou aux urgences (souvent éloignées).

Sans surprise, avec de telles consignes, le taux de fréquentation aux urgences générales en post-partum est plus élevé au Canada que dans tous les autres pays comparables, et encore plus en zone rurale, particulièrement dans les 5 premiers jours de retour à domicile. Une récente étude réalisée en Alberta montre ainsi que 45% de ces jeunes mères canadiennes ont eu une visite aux urgences dans la première année post-partum, pour un tiers dans les 6 semaines suivant l’accouchement.

Pour autant, seulement 5,2% de ces visites aux urgences ont justifié une hospitalisation, ce qui pointe encore plus le trou dans la qualité de l’accompagnement médical du retour à domicile de ces patientes à risques.

Dans ce contexte, le surrisque de l’habitat rural isolé est évident. Un nouveau projet en Colombie Britannique (Rural Surgical and Obstetrical Networks project) propose de réduire ce risque par la mise en place :

- d’un vrai travail maillé en réseau de tous les professionnels des territoires ;

- avec la possibilité permanente de recours des professionnels de santé de soins primaires à des hotlines avec des obstétriciens et autres experts des troubles métaboliques touchant ces femmes ;

- des visites et suivis systématiques à domicile répétées par des sages-femmes ayant à la fois des tâches classiques d’éducation générale pour la prise en charge du nouveau-né, et des tâches plus spécifiques ajoutées de suivi médical de la mère ;

- et enfin, par l’introduction d’une série de e-services renforcés au profit des patientes pour l’information et le conseil en ligne.
 

Cette expérience plutôt réussie, avec une réduction observée de la fréquence des risques, s’inscrit aussi dans un pragmatisme des autorités canadienne du moment, où le manque d’obstétriciens devient un problème quasi définitif et sans autre solution que raisonner différemment en misant sur les réseaux de compétences interprofessionnels où chacun a gagné de l’expertise dédiée sur ces questions.

Mon avis

Un article reflétant les nouveaux risques de grossesses tardives.