Une modification des habitudes chirurgicales non anticipée pour rechercher un gain de temps peut paraître attractif, mais peut s’avérer générateur d’événement indésirable.
Une chienne Cocker Spaniel de six ans est brièvement hospitalisée pour une ovariectomie (stérilisation de convenance).
L’intervention, par la ligne blanche, se déroule apparemment normalement, sans saignement anormal ni incident opératoire ; la plaie de laparotomie a été refermée par un surjet simple, complété par un surjet sous-cutané et la suture cutanée.
Le praticien en a profité, comme convenu avec le propriétaire de la chienne, pour réaliser un détartrage dentaire.
La récupération post-anesthésique est rapide, les suites immédiates sont normales.
Une semaine plus tard, le propriétaire remarque une anormale boursouflure et un suintement de la plaie opératoire. Rendez-vous est pris au cabinet vétérinaire.
Le lendemain, c'est un autre praticien qui examine alors la chienne. Il ne décèle rien d’alarmant, il conclut à une simple inflammation.
Le surlendemain soir, après la promenade en laisse de la chienne, au moment de désinfecter la plaie comme prévu dans le protocole de soins postopératoires, le propriétaire constate la présence d’une "masse rouge sanguinolente" sortant de la plaie opératoire. La chienne est alors conduite en urgence à la clinique vétérinaire de garde.
Elle est immédiatement prise en charge chirurgicalement par un troisième praticien dans un autre établissement de soins vétérinaires. Le surjet refermant la ligne blanche avait cédé, créant ainsi une déhiscence progressive de la plaie opératoire avec extériorisation de l’épiploon.
L’intervention réparatrice a été effectuée avec succès. La chienne a normalement récupéré, sans aucune suite défavorable.
Le propriétaire a éprouvé une peur rétrospective à l’idée que l’incident aurait fort bien pu se produire à un autre moment de la journée et échapper à son attention, créant alors une situation grave ou gravissime par éviscération partielle.
La responsabilité civile du praticien ayant réalisé la stérilisation chirurgicale a été mise en cause et reconnue, le préjudice (frais vétérinaires surajoutés) a été réparé.
Les interventions de convenance, courantes, ne doivent jamais être banalisées ni effectuées avec une attention amoindrie.