Penser à l'infarctus même chez des patients sans antécédents

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Penser à l'infarctus même chez des patients sans antécédents - Cas clinique

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Retrouvez le cas clinique et son analyse.

  • Médecin
Auteur : La Prévention Médicale / MAJ : 17/06/2020

Gestion du risque

Erreurs : 

Il est fait grief au généraliste d'avoir réalisé un ECG difficilement interprétable.

=> Défaut d'organisation

ou

=> Défaut d'acquisition de connaissance

Il est difficile de trancher pour les raisons de cette mauvaise qualité : Difficultés techniques d'enregistrement ? ou difficultés d'interprétation par le généraliste ?

Le généraliste aurait du renouveler les examens complémentaires, pour confirmer le diagnostic.

=> Défaut d'organisation 

ou

=> Défaut d'activation de connaissance

Là aussi, difficile de trancher : pas de système d'alerte dans le dossier du patient pour souligner la nécessité de renouveler l'examen ? ou oubli que les signes ECG peuvent parfois être retardés de quelques heures ?

Le généraliste aurait du évoquer la nécessité de recourir rapidement à un avis spécialisé. 

=> Défaut d'organisation 

Histoire

  • Patient de 53 ans, sans antécédent particulier ni facteur de risque cardiovasculaire.
  • 21 Août 1998 : consultation chez son médecin traitant pour douleurs : décrites comme thoraciques, violentes, rétro-sternales, irradiant vers le bras gauche par le patient et douleurs épigastriques avec remontées acides, par le médecin... L'ECG enregistré au moment de la douleur était interprété comme normal malgré une qualité technique médiocre. Prescription d'anti-acide.
  • La douleur persiste et le patient va au cabinet de cardiologie mais se contente de prendre un rendez-vous pour le 6 septembre.
  • 23 Août 1998 : persistance des symptômes et d'un fébricule à 38°. Retour chez le médecin traitant et consultation avec l'associé. Abdomen sensible, état hémodynamique satisfaisant. Légères modifications du traitement. Fibroscopie envisagée.
  • 5 Septembre 1998 : match de tennis de table : nouvelle douleur rétrosternale obligeant à arrêter le match.
  • 6 Septembre 1998 : consultation de cardiologie : diagnostic d'infarctus du myocarde sur l'ECG. Hospitalisation en clinique. Coronarographie : sténose serrrée de l'IVA proximale, et anévrysme apical. Angioplastie avec stent.
  • Evolution favorable mais persistance d'une hypokinésie antéroseptale avec anévrysme apical.

Jugement

L'expert souligne la discordance totale sur la description des symptômes. Il constate que l'ECG réalisé le 21 Août 1998 était de qualité très médiocre : en particulier, sur les dérivations qui auraient pu montrer les signes d'infarctus du myocarde (V1 à V3), deux sur les 3 étaient ininterprétables, et la troisième (V2) sub-normale. L'expert regrette qu'un ECG n'ait pas été enregistré lors de la seconde visite, deux jours plus tard. La bonne pratique clinique aurait justifié le renouvellement des examens et, en cas de doute, l'envoi en consultation en urgence auprès d'un cardiologue.

La conclusion est une faute directement imputable aux deux généralistes, en évaluant l'IPP à 5%.

Le jugement du TGI déclare les deux généralistes responsables in solidum et les condamne à verser la somme de 10000€.

Corrections : 

En ce qui concerne les défauts d'acquisition et d'activation de connaissance, la défense en profondeur que l'on peut proposer est celle du recours à un système-expert "immatériel" (références bibliographiques, arbre de décision …) ou " humain" (médecin référent).

Dans le cas présent (ECG), il est indispensable que le médecin d'une part acquiert les connaissances suffisantes pour interpréter l'examen qu'il pratique, d'autre part qu'il sache faire appel à un "expert" lorsque l'examen pratiqué est d'interprétation difficile.

 
Améliorer l'organisation pour d'une part ne faire que des examens complémentaires que le praticien sache interpréter, et d'autre part avoir un système d'alerte pour éventuellement répéter ces examens complémentaires.

Améliorer l'organisation pour faire appel au spécialiste... avant qu'il ne soit trop tard.