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Briefing, huddles et check-lists

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2018 - La check-list en chirurgie : le verre à demi-plein

17/06/2019

Gillespie, B. M., Harbeck, E. L., Lavin, J., Hamilton, K., Gardiner, T., Withers, T. K., & Marshall, A. P. (2018). Evaluation of a patient safety programme on Surgical Safety Checklist Compliance: a prospective longitudinal study. BMJ Open Qual7(3), e000362.

Résumé

En 2009, Haynes et ses collègues relayés par l’OMS, faisaient paraître dans le prestigieux New England Journal of Medicine l’étude fondatrice démontrant la nécessité d’adopter la check-list en chirurgie. Rappelons que cette étude List était multicentrique et même multi-nations (2006/2007 avec 8 hôpitaux). L’évaluation des résultats portait sur la mortalité et le taux de complications chirurgicales associé à 3733 interventions consécutives AVANT introduction de la C/L de l’OMS et 3955 interventions consécutives réalisées APRES. Etaient exclus du panel les enfants d’âge inférieur à 16 ans et les interventions cardiaques. Résultat : Le taux de mortalité était passé de 1,5% à 0,8% et le taux de complications (tous types confondus) de 11% à 7%.

Bref, une promesse pour quasiment plus de mauvais patients, mauvais sites, mauvaises compréhensions dans l’équipe du bloc, puisque tout était partagé à voix haute sur le patient comme le recommandait les check-list des aviateurs.

On ne peut que remercier tous ces chirurgiens pionniers, enthousiastes et charismatiques, Haynes et collègues, Darzi en Angleterre, De Vries en Hollande avec son concept étendu de check list (Surpass), le groupe sécurité du patient de l’OMS, sans oublier Atul Gawande pour son manifeste de la check-list venu compléter à grand renfort de presse et de conférences l’arsenal de la pratique de la parfaite check-list, avec ses trois temps.

Le succès a été immédiat, et tous les pays presque sans exception ont demandé à leurs chirurgiens de pratiquer cette check-list. Ce fut le cas de la France en 2010.

Où en est-on 10 ans plus tard ?

Une manière de lire le succès est d’évoquer les 4300 citations de l’article fondateur de Haynes dans le NEJM, les 2100 citations et plus de 120 invitations internationales d’Atul Gawande dans les meilleurs congrès chirurgicaux du monde. Pas de doute sur la diffusion des idées.

On ne manque pas non plus d’évaluations puisque cette recommandation, plus que tout autre en matière de sécurité du patient, a fait l’objet de multiples revues de littérature dans les 10 ans, dont 7 publiées dans des journaux majeurs.

Mais là un autre constat s’impose : toutes ces revues sont convergentes, égales dans leurs résultats depuis 2010 (Russ, 2011, Borchard, 2012, Bergs 2014, Treadwell, 2014, Tang 2014, Reames, 2015, Wangoo, 2016); pas une seule se révèle très enthousiaste sur les résultats : pas de preuve formelle de gain mesurable de sécurité ; seulement une contribution indiscutable à une meilleure communication et coopération entre acteurs du bloc (assez logique au demeurant puisque on a ajouté un temps de communication obligatoire qui n’existait pas)

L’enthousiasme international ne faiblit pas pour autant, car les problèmes constatés ou les déceptions identifiées ne sont pas attribués à l’outil, dont on reconnait toujours le bénéfice potentiel, mais surtout à la mauvaise pratique du temps d’arrêt et de briefing collectif (time out) censé être la clé de voute du gain de sécurité.

Tout se passe en quelque sorte comme si le résultat n’était pas acquis formellement, mais toujours en devenir.

Mon avis

Mon avis : en fait pas de surprise car si l’on revient au modèle aéronautique, l’introduction de la check-list était le résultat d’une culture de sécurité déjà installée, faite de coopération, solidarité et préoccupation constante d’éviter les erreurs. En médecine, on a importé l’outil en pensant qu’il changerait la culture. Il faudra peut-être attendre l’évolution de la culture pour en voir tout le bénéfice et cela peut demander le temps d’une génération complète.