En 2012, le rédacteur en chef d’une revue d’implantologie reconnue pour son sérieux lit un article dans une autre revue également très respectée. Le travail reporté attire son attention...
Il s’agit d’une étude randomisée contrôlée comparant le taux de succès d’implants courts avec celui d’implants longs placés dans des sinus greffés. Ce qui l’intéresse, c’est que la recherche est faite avec des implants vendus par une compagnie qui ne s’est mise à commercialiser des implants courts que très récemment.
Il lit donc l’article avec intérêt et contacte les auteurs pour éclaircir des points qui lui semblent un peu flous. En effet, l’étude présente un recul de 3 ans, mais à sa connaissance, les implants n'ont été proposés qu'un an seulement après le commencement supposé de l’étude. La réponse des auteurs est peu convaincante et le Docteur Esposito contacte le comité d’éthique auquel font référence les auteurs de l’article afin d'avoir les précisions qui lui manquent. Et là grande surprise, le comité d’éthique indique qu'il n'a jamais donné son accord pour ce travail.
Les auteurs recontactés finissent par admettre qu’ils n'ont reçu les implants de la compagnie que quelques temps avant la parution de l'article.
En résumé, le docteur Esposito a, sans le vouloir, mis le doigt sur un phénomène inconnu à ce jour dans notre spécialité : les Ghost Studies. Ce sont des études qu’il faut bien qualifier de bidons et qui arrivent malgré tout à passer le filtre des comités de lectures les plus sérieux.
On ne peut que recommander à tous les confrères et ce, quelque soit leur spécialité, de réfréner leur ardeur à utiliser sur leurs patients des produits, des concepts, des composants trop nouveaux. Il est bon de voir les preuves d’efficacité se multiplier avant d’adopter des nouveautés dans sa pratique quotidienne. Sinon il y a un risque d’utiliser, à ses dépens, ses propres patients comme des cobayes.
Source : Marco Esposito. Editorial. European Journal of Oral Implantology 2012; 5(3):215