Une mort par hémorragie vaginale évitable en pratique bovine

Tout sur la gestion des risques en santé
                et la sécurité du patient

Une mort par hémorragie vaginale évitable en pratique bovine

  • Réduire le texte de la page
  • Agrandir le texte de la page
  • Facebook
  • Twitter
  • Imprimer la page
  • Deux veaux noir et blanc dans un pré - La Prévention Médicale

L’analyse des erreurs permet de révéler que la sécurité et la performance dans un environnement à risque peuvent dépendre largement de compétences non techniques. Dans ce cas clinique, nous verrons qu’une erreur de décision dans un environnement et un contexte difficiles peut générer un EIG qui aurait pu être évitable.

Auteur : le Dr Vétérinaire Michel BAUSSIER / MAJ : 20/11/2025

Cas clinique

Le vétérinaire praticien intervient chez l’un de ses bons éleveurs, en élevage allaitant charolais. Les animaux sont lourds et de qualité. Les vêlages sont assez souvent dystociques par disproportion fœto-pelvienne et le taux de césariennes y est assez élevé.

L’éleveur avait appelé pour un vêlage sur une primipare et s’attendait, compte tenu de la lente progression du part, à une césarienne.

Le praticien intervient dans l’élevage en pleine période obstétricale. Les interventions attendent, il est surmené, quelque peu fatigué. Il constate la présence de jumeaux, il présume puis vérifie l’absence de disproportion fœto-pelvienne ; son diagnostic est l’insuffisance de dilatation des tissus mous (atrésie vulvo-vaginale) ; il opte pour l’extraction forcée, espérant une intervention facile et rapide.

Celle-ci est (trop) rapidement exécutée.

Lors de l’extraction du premier veau, se produit une déchirure vaginale avec rupture de l’artère vaginale.

Le second veau est très rapidement extrait.

Les deux veaux sont de vitalité normale.

La ligature de l’artère puis la réparation de la plaie vaginale sont entreprises et réussies.

La vache est choquée. Le praticien se contente d’administrer des hémostatiques, des antibiotiques et un anti-inflammatoire.

L’animal est retrouvé mort le lendemain matin.

Le diagnostic post-mortem est celui de mort par choc hémorragique.

La responsabilité civile professionnelle du praticien est mise en cause. Il est reconnu fautif et l’éleveur est indemnisé.

Le cas soumis à ce praticien expérimenté et chevronné était un cas banal qui aurait dû connaître une conclusion sans complication. La mort de la parturiente constitue indéniablement un événement indésirable grave au cours des soins.

Discussion

La surcharge de travail, la fatigue, le stress sont des causes classiques d’EIG en obstétrique bovine au plein moment de la saison obstétricale, au printemps…

Ces facteurs externes contribuent à biaiser le jugement et modifier intempestivement le comportement du praticien.

Propositions d’actions préventives

L’action préventive est toute théorique : le repos, le rythme de travail adapté et raisonnable.

L’exercice en groupe facilite quelque peu l’organisation des temps de repos mais les difficultés actuelles du maillage territorial vétérinaire en zones rurales constituent des facteurs défavorables.