La culture de sécurité chez les jeunes dentistes

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                et la sécurité du patient

La culture de sécurité chez les jeunes dentistes ne semble pas vraiment une priorité

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L’amélioration de la culture de sécurité dans les hôpitaux est devenue une priorité nationale. On sait que les actions directes d’amélioration de la sécurité (procédures, contraintes réglementaires de toutes sortes) sont largement insuffisantes pour obtenir des résultats et sont chroniquement détournées si l’on n’agit pas sur les facteurs de fond de la pratique, en l’occurrence la culture de la profession.

  • Chirurgien-dentiste
Auteur : La Prévention Médicale / MAJ : 17/06/2020

Chaque groupe professionnel porte des valeurs d’appartenance propre, qui se traduisent par des attitudes et des comportements professionnels typiques. L’ensemble de ces attitudes et valeurs définit un type de culture, avec notamment des traits spécifiques à la sécurité. Tous les groupes ont une culture, mais évidemment pas la même et pas la plus efficace pour la sécurité.

On peut voir notamment des cultures plutôt fatalistes (je ne peux rien changer à mon niveau), des cultures de clan (une myriade de valeurs différentes dans la profession qui coexistent sans effort de standardisation) ou, encore, des cultures typiquement bureaucratiques (« l’erreur est toujours la cause de mauvais professionnels, jamais du système et de son organisation. Le système est d’ailleurs parfait sur le papier »).

L’objectif d’une logique de progrès est précisément de faire un diagnostic de départ de la culture du groupe professionnel, puis d’essayer de le faire évoluer vers une culture intégrative, générative de sécurité qui puisse apporter les valeurs souhaitées pour une prise en compte optimale de la sécurité.

Les dimensions importantes prises en compte pour le diagnostic sont les priorités données par la profession (innovation, performance, finances vs sécurité), le type de relations entre confrères et avec les patients, la capacité à apprendre de ses erreurs et à modifier ses pratiques.

Plusieurs questionnaires existent et sont validés pour mesurer ces niveaux de départ de la culture de sécurité en milieu médical.
Le plus populaire et d’ailleurs le seul traduit en français (par le CCECQA, le Comité de Coordination et d’Evaluation de la Qualité en Aquitaine), s’appelle le Hospital Survey on Patient Safety Culture –HSOPS et a été initialement développé par l’AHRQ (l’Agence Américaine de la Recherche sur la Qualité).

Ce questionnaire est construit autour de 48 questions balayant 12 thèmes : la perception globale de la sécurité, la fréquence avec laquelle les événements indésirables sont signalés, l’attitude de la profession et de la hiérarchie pour encourager le signalement des erreurs, la capacité d’apprentissage continu des erreurs passées, la capacité à travailler en petite équipe, la qualité de la communication, la capacité à instaurer une culture positive de l’erreur (en parler sans punir pour favoriser le signalement, no blame - no shame), la capacité à travailler en groupe de pairs sur des staffs dédiés à la sécurité des pratiques, la capacité à se coordonner entre professionnels dans le trajet du patient et la capacité à recevoir un appui clair et des moyens pour travailler sur la sécurité.

Une étude a été conduite avec ce questionnaire chez les étudiants en chirurgie dentaire de 7 universités Américaines et chez leurs professeurs, en considérant également une population témoin de dentistes installés (300 sujets, 100 dans chaque groupe).

Les scores sont globalement moyens, bas, voire très bas pour le signalement des erreurs, l’analyse en groupe de ces erreurs et le travail collectif, particulièrement les transmissions entre unités et professionnels sur le trajet du patient.
Les dentistes installés ont une sensibilité au risque très supérieure à celles des étudiants et de leurs professeurs, ce qui sous tend directement l’idée que la priorité de l’enseignement se fait plutôt sur la technique que sur ces valeurs de sécurité. Evidemment, ce qui n’est pas appris au départ, même si les conditions de la vie font qu’un apprentissage secondaire s’impose par les faits, reste un handicap pour toute la carrière.
Le chantier de la sécurité du patient et de l’acquisition d’une culture de sécurité en chirurgie dentaire, semble plus encore que pour les médecins, un chantier à mettre en route.

Source : Peong P., Afrow J., Weber H., Howell H., Attitudes toward Patient safety standards in US dental schools : A pilot study, J. dental education, 2008, 431-36

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