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2021 - Les aides électroniques à la prescription médicamenteuse peuvent s’avérer piégés et inutilement coûteux pour la prescription des génériques

18/01/2021

MacKenna, B., Curtis, H. J., Walker, A. J., Bacon, S., Croker, R., & Goldacre, B. (2020). Suboptimal prescribing behaviour associated with clinical software design features: a retrospective cohort study in English NHS primary care. British Journal of General Practice, 70(698), e636-e643

Résumé

Les dossiers de santé électroniques sont un standard obligé ; ils contiennent l’histoire médicale du patient, les informations médicales, les résultats complémentaires ; Ils sont aussi dotés d’aides électroniques notamment pour les prescriptions médicamenteuses.

En Angleterre, comme dans beaucoup de pays la France compris, il est conseillé aux professionnels de la santé de « prescrire de manière générique » pour maîtriser les dépenses de santé. Cette prescription de générique se fait souvent en utilisant un paramétrage du logiciel par défaut et une confiance de fait du généraliste sur le bien-fondé du choix du logiciel. Or il s’avère que ces systèmes d’aide semblent favoriser ce que l’on appelle des «génériques de marques fantômes » (en anglais ‘Ghost-branded generics’) correspondant à des prescriptions spécifiant (imposant, demandant) un fabricant particulier pour un produit générique, - ce qui entraîne paradoxalement souvent un prix de remboursement plus élevé par rapport au marché générique disponible. Cette nouvelle pratique de prescription, souvent appuyée par les systèmes d’aides électroniques et une offre agressive commerciale des laboratoires, contourne de fait l’intérêt économique  du générique le moins cher et renvoie à une prescription orientée que les génériques voulaient supprimer.

Méthode : Une étude de cohorte rétrospective a été conduite entre mai 2013 à mai 2019 sur la base de données anglaise des prescriptions OpenPrescribing.net extraite des dossiers médicaux informatiques. Les dépenses totales de prescription en médecine générale en Angleterre des génériques de marque fantôme en Angleterre ont été calculées, et les dépenses excédentaires sur les génériques de marque fantôme ramenées en pourcentage de toutes les dépenses en médicaments génériques pour chaque grande catégorie de pathologie, pour chaque mois de la période d'étude.

Résultats 31,8 millions de génériques de marque fantôme prescrits en 2018, avec un estimé de surcoût de 9,5 millions de livres sterling. Pour mémoire, on était à 7,45 millions de génériques de marque fantôme prescrits avec un surcoût de 1,3 million de livres sterling en 2014.

La plupart des coûts excédentaires ont été associés à un logiciel d’aide à la prescription, le logiciel « SystmOne ». « SystmOne » proposait par défaut des options génériques de marque fantôme.

Après avoir informé les gestionnaires de ce système sur les biais induits, les auteurs ont surveillé l'évolution ultérieure des coûts et ont constaté une diminution rapide des dépenses génériques de marque fantôme.

En conclusion, l’étude montre qu’un logiciel d’aide mal paramétré, volontairement ou involontairement, a pu conduire à 9,5 millions £ de surcoûts de prescriptions évitables pour le NHS en 1 an. La notification du fournisseur a entraîné une modification de l'interface utilisateur et une réduction rapide et substantielle des dépenses. Cette constatation montre que la conception de l'interface utilisateur de ces logiciels d’aide a un impact considérable sur la qualité, la sécurité et le ratio coût/efficacité de la pratique clinique; cela devrait être une priorité pour la recherche quantitative.

 

Mon avis

Un sujet critique et délicat : l’influence cachée des outils sur les prescriptions