Anesthésie générale mal conduite et mort d'un veau

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Anesthésie générale mal conduite et mort d'un veau

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  • Un veau charolais dans sa litière - La Prévention Médicale

La répartition des missions aux collaborateurs doit s’appuyer sur une évaluation préalable de leurs compétences. La supervision des jeunes ou nouveaux professionnels est un élément déterminant de la sécurité, de même qu’une formation continue adaptée et régulière.

Auteur : le Dr Michel Baussier, Docteur vétérinaire / MAJ : 04/05/2023

Cas clinique

Un veau charolais femelle présente une arqûre-bouleture. Pour cette raison, il a été plâtré cinq semaines avant l’EIG par le vétérinaire titulaire de l’établissement de soins concerné. Il est alors âgé de 3 mois au moment du retrait du pansement contentif plâtré.

Le praticien en cause ici, vétérinaire collaborateur salarié, peu expérimenté en l’occurrence, décide, sans en discuter avec son confrère employeur, d’aller de son propre chef retirer le plâtre. 

L’animal est un peu vif et le praticien choisit de réaliser une anesthésie générale pour le retrait de l’attelle plâtrée, celle-ci n’étant ainsi justifiée que par un motif de contention de l’animal.

Sur ce veau d’un poids estimé au maximum à 150 kg, le praticien injecte par voie intraveineuse 3,8 ml de la spécialité Zolétil® 100 (ND, soit 380 mg du mélange équi-pondéral tilétamine-zolazépam) ; cette injection est immédiatement suivie par la même voie de celle de 0,5 ml de Sédaxylan® (ND, soit 10 mg de xylazine).

Le veau s’affaisse dès la fin de l’injection. Le décubitus est accompagné d’une apnée. Le praticien considère alors que cette apnée n’est que passagère. Il entreprend immédiatement la section du plâtre.

Quand, absorbé par le travail de retrait du plâtre, il réalise que l’apnée persiste, il injecte par voie intraveineuse 10 ml de Dopram® (ND, soit 87 mg de doxapram).

La respiration ne reprend pas. Le veau est déjà mort. 

L’événement est manifestement indésirable et grave (EIG). La RCP du praticien employeur a été mise en cause et l’acte ayant été considéré comme fautif, l’éleveur a été indemnisé.

Commentaires

Cette situation illustre le drame des vétérinaires isolés en zones rurales qui ne disposent plus du choix de recrutement de collaborateurs à la compétence adaptée et à l’expérience éprouvée. 

S’ajoute à la situation décrite l’utilisation d’un médicament hors AMM et sans LMR (Zolétil®, ND).

Propositions d'actions préventives

  • Réorienter l’engagement vétérinaire vers l’élevage d’espèces de rente, lutter contre la désertification rurale.
  • Développer et imposer toujours et encore la formation continue.
  • Développer l’anesthésiologie vétérinaire en pratique des animaux de rente, la faire entrer dans les cabinets et cliniques vétérinaires.
     
Références utiles
- CASSARD H. – Anesthésie générale des bovins et des petits ruminants. Bull GTV n° 98, 2020
- HOLOPHERNE D. – Anesthésie des bovins. Le Point Vétérinaire édit. Collection Carnet clinique, 2008
 

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